Parfois des choses non choisies s’avèrent des voies intéressantes

Portrait

N° 254 - Publié le 8 décembre 2014
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L'épreuve par 7
Claude Férec

Professeur de génétique

Magazine

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Mon rêve d’enfant était d’être vétérinaire de campagne. Mais j’ai échoué au concours d’entrée de l’école vétérinaire de Maisons-Alfort.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Du temps pour faire les choses plus posément. J’ai pu me projeter dans mon emploi du temps, planifier des conférences, des colloques, échanger avec mes confrères...

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Il existe toujours une part d’inconnu dans la vie et heureusement ! Il y a des chemins qui se croisent, des opportunités, des choix qui sont faits et qui nous font avancer. Parfois des choses non choisies s’avèrent des voies intéressantes, qui nous conduisent vers des projets. Est-ce le hasard ? Nous sommes modelés par un ensemble de facteurs que l’on ne connaît pas.

Qu’avez-vous perdu ?

Aujourd’hui... ? Rien. D’habitude je perds une paire de lunettes par jour. Mais pas aujourd’hui. Durant 50 ans je n’en ai pas porté et je ne m’y suis pas encore habitué. Je les pose n’importe où et les oublie. C’est futile, non ? Mais notre vie de chercheur est assez banale en fait !

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Je ne me suis jamais posé la question. La curiosité scientifique fait que les hommes auront toujours envie de trouver. Est-ce qu’on pourrait ouvrir une boîte qu’il vaudrait mieux ne pas ouvrir ? Les découvertes sont des choses. Les usages qui en sont faits en sont d’autres. La recherche est importante et en soi n’est pas critiquable. Ce qui pose question, c’est l’usage que les hommes et les sociétés en font. On pense bien sûr à la radioactivité, découverte par Marie Curie, et à Hiroshima.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Si on progressait suffisamment pour guérir un certain nombre de maladies génétiques – j’y inclus le cancer – on aurait fait un pas énorme. Mais de gros progrès restent à effectuer. Peut-être cela sera réalisé par la génération qui viendra après moi, dans 30 à 50 ans. Il faut du temps pour passer du tube à essai à l’homme !

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Avec ce que l’on voit au quotidien, un certain fanatisme, par exemple, on se prend à douter de la rationalité qui peut exister dans certains esprits humains. On ne peut pas douter de la rationalité elle-même, mais de certains comportements, si !

Le spécialiste de la mucoviscidose interrogé par Michèle Le Goff.

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