« Je cherche à mieux comprendre le fonctionnement des estuaires bretons »
Portrait
Je cherche à mieux comprendre le fonctionnement des estuaires bretons. On en compte plus de 4 400 en Bretagne. Ces milieux sont complexes, mélanges d’eau douce et d’eau salée. Et très dynamiques, à cause des marées notamment, mais aussi de l’activité humaine. Depuis les années 70-80, l’occupation des sols a profondément changé : remembrement, urbanisation. Je veux savoir si cela a modifié la vitesse d’accumulation et la qualité des sédiments dans ces estuaires. Les sédiments fins, par exemple, accumulent facilement les pollutions. Et l’accrétion rapide des sédiments peut boucher certaines parties de l’estuaire. Mieux appréhender ces phénomènes permettrait de mettre en place des politiques de gestion du territoire en amont.
Pour cela, je prélève des échantillons, par carottage, dans quelques estuaires témoins. Avec l’aide de mon père, j’ai mis au point un carottier portatif, qui préserve les couches fines de sédiments. Nous allons même déposer un brevet ce mois-ci. J’analyse ensuite ces prélèvements grâce à un spectromètre à fluorescence de l’Ifremer. Je repère la présence et la variation du taux de certains éléments chimiques qui me servent de traceurs. Ce n’est pas facile car le spectromètre en question n’a encore jamais été utilisé sur les sédiments de si petits fonds. J’essaye ensuite de faire correspondre les évolutions des traceurs à certaines modifications de l’usage des sols, que j’ai regroupées dans un système d’informations géographiques. En fait, je suis à la fois géographe, chimiste et géologue !
TOUS LES PORTRAITS
du magazine Sciences Ouest