Rennes, la scientifique

N° 265 - Publié le 9 novembre 2014
© Nathalie BLANC

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Un nouveau parcours de découvertes ! la richesse du patrimoine scientifique rennais se dévoile en douze étapes.

Rennes est célèbre pour le Parlement de Bretagne, le jardin du Thabor, le marché des Lices... Mais la ville a aussi un passé plus secret, moins médiatisé : un formidable patrimoine architectural scientifique. Des bâtiments, mais aussi des noms de rues. Saviez-vous, par exemple, que le quai Dujardin a été baptisé ainsi en hommage à Félix Dujardin, professeur titulaire de la chaire de zoologie et botanique qui, en 1840, présida la première séance solennelle de rentrée dans la grande salle de l’hôtel de ville ? C’est pour faire connaître cette histoire et bien d’autres anecdotes que Jos Pennec, ancien professeur de mathématiques au lycée Émile-Zola et passionné d’histoire, a imaginé un parcours dans toute la ville. Il est inauguré à l’occasion des 25 ans de l’Espace des sciences et fera ensuite partie de l’offre proposée par l’Office de tourisme de Rennes Métropole.

Douze étapes scientifiques
 
Le circuit est composé de douze étapes dans le centre-ville. « On aurait pu déborder, aller jusqu’au campus de Beaulieu à l’est, sur le site d’Agrocampus au nord-ouest, ou encore ajouter l’Hôtel-Dieu... Mais il fallait que la visite reste faisable à pied, dans un laps de temps raisonnable. » L’itinéraire part des Champs Libres et le premier arrêt a lieu devant les grilles du lycée Émile-Zola (photo 1). L’ancien collège de garçons a été reconstruit à partir de la seconde moitié du 19e siècle. C’est la première commande de la ville à l’architecte Jean-Baptiste Martenot. « Le lycée est le premier établissement de tout le grand Ouest, de Caen à Bordeaux, à disposer d’une salle de chimie, précise Jos Pennec. 
Avant, les élèves ne touchaient à rien. » 
En continuant l’avenue Janvier jusqu’à la Vilaine, on arrive à un endroit stratégique. Sur la gauche, quai Zola, le Palais universitaire, actuel musée des Beaux-Arts (photo 2), abrita l’École de médecine, les facultés de sciences, droit et lettres jusqu’à la fin du 19e siècle. Les musées municipaux et les bureaux de l’académie y restèrent jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. 
 
Place Pasteur, un endroit stratégique
 
En traversant la Vilaine, place Pasteur, on arrive devant la faculté des sciences (photo 3), qui occupa les lieux de 1896 jusqu’à la fin des années 60, avant de migrer sur le campus de Beaulieu. Le manque de place, pour les laboratoires et pour les collections, s’était fait sentir bien avant : la faculté avait investi une partie de la gare de Viarmes, quai Dujardin, pour construire son annexe et même la partie basse des jardins de Saint-Georges pour le laboratoire de chimie appliquée... La faculté de médecine et de pharmacie s’était agrandie rue Dupont-des-Loges et la faculté de lettres s’installait dès 1909 dans l’ancien séminaire, place Hoche. 
Continuons à monter le long des jardins du Palais Saint-Georges, puis longeons les murs de l’ancienne préfecture pour arriver place Saint-Melaine. Le Palais abbatial (photo 4), aujourd’hui résidence du recteur, abritait les confiscations révolutionnaires (livres, œuvres d’art, collections de zoologie, géologie, botanique...) qui, par la loi du 27 janvier 1794, devinrent la propriété du district de Rennes. Ses jardins jouxtaient ceux de l’Institut de géologie, auquel on accède par la rue du Thabor.
 
Un marquis amateur d’antiques
 
Le parcours continue en empruntant la rue Lesage, jusqu’au Crous(1), qui se trouve à l’emplacement exact qu’occupaient les serres de l’Institut de botanique à partir de 1910. Empruntant la rue de Robien vers la Visitation en passant par le passage des Carmélites et redescendant la rue Motte-Fablet, on découvre à l’angle des rues Le Bastard et du Champ-Jacquet l’échauguette de l’hôtel de Christophe-Paul de Robien (photo 5)
Président au Parlement de Bretagne, le célèbre marquis fut à la fois historien et amateur d’antiques, naturaliste et anthropologue, ethnologue et collectionneur aux multiples facettes. Sa bibliothèque, qui reflète son goût pour les sciences, accueillait les érudits et les scientifiques. « Son cabinet de curiosités se trouvait au dernier étage, où il avait sans doute installé un télescope », s’amuse Jos Pennec. Il faut pourtant quitter le marquis de Robien pour se rendre sur la place de l’Hôtel-de-Ville, qui fut aussi, en son temps, un haut lieu de science.
La visite se poursuit en traversant le quartier piétonnier par la rue du Chapitre pour rejoindre l’École d’artillerie, sur les hauteurs des anciens remparts, à l’ouest de la ville 
(lire ci-dessous). Le parcours se termine par un arrêt devant deux bâtiments qui ont marqué l’histoire de la médecine et de la chirurgie rennaises : la cathédrale Saint-Pierre, qui abrita pendant plus de cinq ans une salle de dissection... et la chapelle Saint-Yves, occupée aujourd’hui par l’Office de tourisme de Rennes Métropole. Dominique Irvoas-Dantes, sa directrice, précise « Cette visite est très intéressante car elle montre que le patrimoine n’est pas fermé sur lui-même : elle ouvre sur le monde des sciences bien sûr et contient aussi une grande part d’humain par les nombreuses allusions aux hommes qui ont occupé les bâtiments. » Un nouveau regard sur la ville.
 

Un objet dans les sous-sols de la fac

Il en existe moins de dix dans le monde, dont deux en France : l’un au Conservatoire national des arts et métiers à Paris et l’autre dans les sous-sols de l’Université de Rennes1, sur le campus de Beaulieu.
Imaginée en 1852 par Léon Foucault, après son expérience du pendule, cette “toupie pesante” suspendue est susceptible de tourner très vite en conservant une orientation fixe pendant une dizaine de minutes, durée suffisante pour observer la rotation de la Terre. Le gyroscope (du grec : “qui regarde la rotation”) est encore utilisé pour le guidage des avions et des satellites, ainsi que pour la stabilisation des navires. 
Construit par Dumoulin et Froment en 1867, l’exemplaire conservé à Rennes fait partie d’une collection d’appareils anciens de physique et de chimie, rassemblés grâce aux efforts des physiciens Jean-Paul Taché et Dominique Bernard.
Il côtoie l’électroaimant de Pierre Weiss, construit à Rennes en 1898, ainsi que les appareils de Pierre et Marie Curie, des pièces maîtresses de l’histoire de la physique. Elles sont visibles sur demande.
 
 
Jos Pennec
Nathalie Blanc/Jos Pennec

(1)Crous : Centre régional des œuvres universitaires et sociales.

Espace des sciences Tél. 02 23 40 66 40
Office de tourisme de Rennes Métropole Tél. 02 99 67 11 11
 

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