Douze étapes scientifiques
Le circuit est composé de douze étapes dans le centre-ville. « On aurait pu déborder, aller jusqu’au campus de Beaulieu à l’est, sur le site d’Agrocampus au nord-ouest, ou encore ajouter l’Hôtel-Dieu... Mais il fallait que la visite reste faisable à pied, dans un laps de temps raisonnable. » L’itinéraire part des Champs Libres et le premier arrêt a lieu devant les grilles du lycée Émile-Zola (photo 1). L’ancien collège de garçons a été reconstruit à partir de la seconde moitié du 19e siècle. C’est la première commande de la ville à l’architecte Jean-Baptiste Martenot. « Le lycée est le premier établissement de tout le grand Ouest, de Caen à Bordeaux, à disposer d’une salle de chimie, précise Jos Pennec.
Avant, les élèves ne touchaient à rien. »
En continuant l’avenue Janvier jusqu’à la Vilaine, on arrive à un endroit stratégique. Sur la gauche, quai Zola, le Palais universitaire, actuel musée des Beaux-Arts (photo 2), abrita l’École de médecine, les facultés de sciences, droit et lettres jusqu’à la fin du 19e siècle. Les musées municipaux et les bureaux de l’académie y restèrent jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Place Pasteur, un endroit stratégique
En traversant la Vilaine, place Pasteur, on arrive devant la faculté des sciences (photo 3), qui occupa les lieux de 1896 jusqu’à la fin des années 60, avant de migrer sur le campus de Beaulieu. Le manque de place, pour les laboratoires et pour les collections, s’était fait sentir bien avant : la faculté avait investi une partie de la gare de Viarmes, quai Dujardin, pour construire son annexe et même la partie basse des jardins de Saint-Georges pour le laboratoire de chimie appliquée... La faculté de médecine et de pharmacie s’était agrandie rue Dupont-des-Loges et la faculté de lettres s’installait dès 1909 dans l’ancien séminaire, place Hoche.
Continuons à monter le long des jardins du Palais Saint-Georges, puis longeons les murs de l’ancienne préfecture pour arriver place Saint-Melaine. Le Palais abbatial (photo 4), aujourd’hui résidence du recteur, abritait les confiscations révolutionnaires (livres, œuvres d’art, collections de zoologie, géologie, botanique...) qui, par la loi du 27 janvier 1794, devinrent la propriété du district de Rennes. Ses jardins jouxtaient ceux de l’Institut de géologie, auquel on accède par la rue du Thabor.
Un marquis amateur d’antiques
Le parcours continue en empruntant la rue Lesage, jusqu’au Crous(1), qui se trouve à l’emplacement exact qu’occupaient les serres de l’Institut de botanique à partir de 1910. Empruntant la rue de Robien vers la Visitation en passant par le passage des Carmélites et redescendant la rue Motte-Fablet, on découvre à l’angle des rues Le Bastard et du Champ-Jacquet l’échauguette de l’hôtel de Christophe-Paul de Robien (photo 5).
Président au Parlement de Bretagne, le célèbre marquis fut à la fois historien et amateur d’antiques, naturaliste et anthropologue, ethnologue et collectionneur aux multiples facettes. Sa bibliothèque, qui reflète son goût pour les sciences, accueillait les érudits et les scientifiques. « Son cabinet de curiosités se trouvait au dernier étage, où il avait sans doute installé un télescope », s’amuse Jos Pennec. Il faut pourtant quitter le marquis de Robien pour se rendre sur la place de l’Hôtel-de-Ville, qui fut aussi, en son temps, un haut lieu de science.
La visite se poursuit en traversant le quartier piétonnier par la rue du Chapitre pour rejoindre l’École d’artillerie, sur les hauteurs des anciens remparts, à l’ouest de la ville
(lire ci-dessous). Le parcours se termine par un arrêt devant deux bâtiments qui ont marqué l’histoire de la médecine et de la chirurgie rennaises : la cathédrale Saint-Pierre, qui abrita pendant plus de cinq ans une salle de dissection... et la chapelle Saint-Yves, occupée aujourd’hui par l’Office de tourisme de Rennes Métropole. Dominique Irvoas-Dantes, sa directrice, précise « Cette visite est très intéressante car elle montre que le patrimoine n’est pas fermé sur lui-même : elle ouvre sur le monde des sciences bien sûr et contient aussi une grande part d’humain par les nombreuses allusions aux hommes qui ont occupé les bâtiments. » Un nouveau regard sur la ville.