Du métal souple comme l’os

Notre durée de vie s’allonge, celle de nos prothèses doit suivre. Dans son laboratoire de l’Insa(1), l’équipe chimie-métallurgie de Thierry Gloriant met au point des alliages métalliques pour les futures prothèses, celles de hanche, par exemple. « Ce sont des alliages à base de titane de type bêta, explique le chimiste lors de la matinale sur les matériaux innovants organisée par la technopole Rennes Atalante le 3 juillet dernier, leur rigidité est plus proche de celle de l’os, car les atomes y sont organisés différemment. »

Aujourd’hui, les alliages utilisés sont piochés dans les recettes de l’aéronautique. « Ils sont plus rigides que l’os et ne réagissent pas de façon égale aux déformations du corps. Cela limite leur durée de vie à une quinzaine d’années. » Mais réopérer lorsque le patient est âgé présente des risques. D’où l’objectif visé par l’équipe rennaise : 20 ans de longévité minimum !

Moins rigides, les prothèses doivent aussi être biocompatibles. « Certains alliages actuels contiennent des éléments toxiques, comme les ions vanadiums, soupçonnés d’être impliqués dans la maladie d’Alzheimer. » Même problème pour les métaux à mémoire de forme, aptes à retrouver leur position initiale après n’importe quelle déformation. « Le seul qui soit utilisé jusqu’alors, en orthodontie notamment, comporte du nickel, fortement allergène. Nous cherchons des substituts. » À terme, ces métaux pourront entrer dans la composition des cathéters ou des stents pour la chirurgie cardiaque.