Une piste contre le cancer

N° 268 - Publié le 3 novembre 2014
© Nathalie Blanc
L’algue rouge Solieria chordalis s’échoue naturellement quand arrivent les premières tempêtes. Mais depuis deux ans, des échouages inhabituels surviennent au printemps.

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La thèse de Stéphanie Bondu sur la valorisation des algues débouche sur le dépôt d’un brevet pour la cancérologie.

C’était le 2 juin à Brest dans les locaux de l’IUEM(1) : Stéphanie Bondu a soutenu sa thèse sur l’étude des glucides d’une algue rouge (Solieria chordalis) pour des applications en cancérologie. « Solieria est l’algue modèle du laboratoire(2) depuis vingt ans, explique Stéphanie Bondu. Elle a déjà fait l’objet de trois thèses sur ses propriétés métaboliques. Mais je suis la première à travailler sur sa valorisation dans le domaine médical. » Car la fréquence des échouages de Solieria augmente depuis deux ans. 

Stéphanie Bondu s’est appuyée sur des travaux décrivant les propriétés (anticoagulantes, anticancéreuses et antivirales) de certains sucres contenus dans les algues. Et elle a réalisé certaines de ses expériences au sein de la plate-forme Biodimar de l’université de Brest, spécialisée dans l’extraction, la séparation et la purification de molécules naturelles marines. « J’ai travaillé sur trois grandes classes de glucides : les constituants de la paroi, ceux qui composent les réserves énergétiques et les sucres qui permettent à l’algue de répondre au stress salin. Cette phase d’extraction est très longue. Et parfois, après des semaines voire des mois de manipulations, on recommence tout car on n’a pas obtenu assez de molécules pures pour réaliser la suite des expériences ! »

Trois mois en Chine

Parmi celles-ci, l’analyse de la structure des molécules. « C’est ce qui m’a motivée dans ce sujet de thèse : l’utilisation de techniques de chimie analytique variées », souligne Stéphanie Bondu, qui a complété sa licence en algologie par un master en chimie. Elle a d’ailleurs passé trois mois à l’université océanique de Chine, à Qingdao(3) pour apprendre des techniques nouvelles.
Pendant que les sucres révèlent leur structure, les tests d’activité sur des cellules tumorales et immunitaires, fournies par le service immunologie du cancer du CHU de Brest, apportent leur lot de résultats. « Les molécules que nous avons testées n’attaquent pas directement les cellules tumorales mais stimulent celles du système immunitaire. » Stéphanie n’en dira pas plus, pour cause de confidentialité. Un brevet porté par Bretagne Valorisation est en cours de dépôt. En attendant, elle reste encore un an à l’UBO pour enseigner. Après elle s’envolera peut-être pour le Canada, pour continuer à valoriser les algues, mais dans le domaine de la nutrition santé cette fois. En plus de la chimie, la valorisation est devenue sa nouvelle préoccupation !

Nathalie BLANC

(1)IUEM : Institut universitaire européen de la mer/Université de Bretagne occidentale.
(2)Le Lebham : Laboratoire d’écophysiologie et de biotechnologie des halophytes et des algues marines (EA 3877).
(3)Dans le cadre d’une collaboration entre l’UBO et l’université océanique de Chine.

Stéphanie Bondu
Tél. 02 98 49 88 67
stephanie.bondu [at] univ-brest.fr (stephanie[dot]bondu[at]univ-brest[dot]fr)

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