Un voleur de gènes démasqué

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N° 269 - Publié le 18 août 2014
© William Wilson, Plymouth Marine Laboratory

Le virus d’une microalgue a évolué en intégrant une série de gènes de son hôte et les utilise !

Le voleur est le virus EhV. La victime Emiliana huxleyi, une des microalgues les plus abondantes de nos océans.

L’objet du délit : une série de sept gènes de l’algue, que le virus a réussi à intégrer dans son propre génome. « Les transferts de gènes sont connus, surtout entre bactéries et virus, explique António Pagarete, doctorant à la Station biologique de Roscoff, dans l’équipe Évolution du plancton et paléocéans qui a participé à la découverte, mais c’est la première fois qu’on trouve chez un organisme eucaryote le “vol” d’une voie métabolique complète, c’est-à-dire toute la série de gènes qui conduit à la synthèse d’un type de molécules ».

En l’occurrence, ces molécules sont des lipides particuliers (sphyngolipides), qui composent la membrane extérieure de la microalgue. Ils entrent aussi dans la production de la céramide, une molécule qui participe à divers processus de signalisation cellulaire et qui est souvent liée au déclenchement d’une mort cellulaire programmée, appelée apoptose.

Mais le scoop ne s’arrête pas là. Les chercheurs viennent aussi de découvrir que le virus utilise ses nouveaux gènes en milieu naturel, pour produire des sphyngolipides pendant l’infection. S’en sert-il pour reconnaître son hôte ? Ou pour contrôler le processus de mort cellulaire ? L’enquête continue et l’équipe roscovite y travaille(1).

António Pagarete, Tél. 02 98 29 25 46
pagarete [at] sb-roscoff.fr (pagarete[at]sb-roscoff[dot]fr)

(1) Ces travaux ont fait l’objet de deux publications : Genome Research, août 2009, Environmental Microbiology, octobre 2009.

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