Une liaison solide entre Rennes et Nantes
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Rennes et Nantes se font les yeux doux. Une opportunité de relancer une liaison renno-nantaise solide entre les physiciens et chimistes des matériaux.
Il y a 40 ans, les chimistes de Nantes et de Rennes se sont partagé la classification périodique des éléments pour ne pas se concurrencer. Aujourd’hui, cette complémentarité non seulement perdure mais est un atout majeur pour rapprocher les équipes des physiciens et chimistes de l’Institut des matériaux de Nantes (IMN) et les physiciens de l’Institut de physique de Rennes (IPR), créé il y a un an. « C’est Anne Renault, directrice de l’IPR qui a relancé l’idée d’un ensemble Rennes-Nantes, » admet Guy Ouvrard, directeur de l’IMN.
L’optique et les nanos
L’État avait déjà structuré la recherche sur les nanotechnologies en sept grands territoires, regroupant Rennes et Nantes dans le groupe C’Nano Nord-Ouest. Un master “Nano” existe désormais à Lorient, Rennes et Nantes, dont la deuxième promotion rentre cette année. « Ce sont les deux premiers étages de l’ensemble “matériaux” que nous voulons créer sur l’axe Rennes-Nantes, explique Anne Renault. Nous construisons aussi une école de formation sur les matériaux pour l’optique, » qui se tiendra en 2011 dans la série des écoles Galerne(1). Deux rencontres ont déjà été organisées entre l’IMN, l’IPR et les Sciences chimiques de Rennes, les trois entités qui animent ces rendez-vous. « Cette école est une initiative renno-nantaise, prévient Guy Ouvrard. Elle se crée donc sur cet axe, mais tous les labos ligériens et bretons y sont invités pour échanger sur les savoirs et les outils. Cela permet de développer les synergies. »
Des intérêts partagés
Le rapprochement IMN-IPR n’est pas une décision des directeurs, « c’est parce que nos équipes ont vraiment des intérêts partagés que cela fonctionne, affirme Guy Ouvrard. Nous avons déjà en commun le projet sur les nanomatériaux fonctionnels (baptisé Nanofonc)... » Le projet représente seize équivalents temps plein en recherche répartis sur les deux régions, il s’agit, entre autres, d’étudier les nanomatériaux à base d’oxyde de titane pour fabriquer les cellules photovoltaïques de troisième génération. Les chercheurs s’intéressent aussi aux propriétés optiques de nanofils hybrides et à l’organisation de ces structures hybrides associant fils de carbone et matières biologiques.
Au-delà de ces collaborations, Anne Renault estime que le groupement d’intérêt scientifique Bresmat, qui vient de se mettre en place sur la Bretagne, a vocation à être relié à celui qui est en train de se constituer en Pays de la Loire. « Cela va dans le sens d’une optimisation de la recherche. Il faut faire des choix, identifier les domaines d’excellence. Et procéder à des regroupements. »
Sur la scène européenne
Aujourd’hui, le contexte politique rend le rapprochement interrégional plus facile. « On peut même envisager des appels à projets communs entre Bretagne et Pays de la Loire, ce qui aurait été très incorrect il y a quelques mois... » Question de personnes ? Sans doute, mais pas seulement : les Régions ont compris que ces regroupements sont nécessaires pour que leurs universités restent visibles sur les scènes nationale et européenne. « Pourquoi ne pas commencer par une ligne TGV entre les deux villes ? », propose Anne Renault. Ce ne serait pas un luxe.
Un colloque à deux têtes
Nantes et Rennes organisent, les 8 et 9 octobre, un colloque sur la recherche et l’innovation. 350 participants y sont attendus. Une première illustration du rapprochement des deux cités, avec, pour chaque thème, dans des domaines d’excellence partagés par les deux territoires, des intervenants des deux métropoles régionales.
La première journée se déroulera aux Champs Libres à Rennes. On y parlera des biotechnologies ; d’agroalimentaire à travers le projet Ovonutrial sur les protéines de l’œuf ; des technologies de l’information, via le projet Mopcom sur les matériels et logiciels pour systèmes de communication embarqués.
La deuxième journée aura lieu à la cité internationale des congrès de Nantes. Il y sera question de physique des matériaux (lire ci-dessus) ; de dysfonctionnements du système cardio-vasculaires (lire p.9) ; d’automobile à travers le projet Autosarlab (standard des architectures électrique et électronique des véhicules(2)).
Des visites de laboratoires, des expériences originales et des ateliers seront proposés au public dans les deux villes.
(1) L’école Galerne existe depuis 1978 et réunit chaque année, pendant quatre jours, des jeunes chercheurs et doctorants sur un thème spécifique de la chimie du solide. Cette année “Matériaux pour l’énergie”, à Amiens, du 26 au 30 octobre.
(2) Lire dans Sciences Ouest n°266 - juin 2009.
Anne Renault, Tél. 02 23 23 56 99
anne.renault [at] univ-rennes1.fr (anne[dot]renault[at]univ-rennes1[dot]fr)
Guy Ouvrard, Tél. 02 40 37 39 07
guy.ouvrard [at] univ-nantes.fr (guy[dot]ouvrard[at]univ-nantes[dot]fr)
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