« J’étudie une plante qui envahit 64% des espaces végétalisés de la rade de Brest »
Portrait
J’étudie l’invasion de la rade de Brest par une plante d’origine est-américaine : la spartine. De la famille des graminées, nous supposons qu’elle est arrivée dans la région entre les deux guerres. Elle résiste au sel et se développe dans les zones marécageuses des estuaires de la rade. Elle se reproduit avec des graines mais aussi par clonage, via ses racines : les rhizomes. Ils se propagent dans la vase et laissent peu de place aux autres plantes, pourtant locales. Au début de ma thèse, j’ai travaillé sur des cartographies pour cerner cette invasion : la spartine colonise 140 des 218 hectares de marais végétalisés de la rade. Plus de 64% ! Je cherche à comprendre pourquoi cette plante supporte si bien les conditions difficiles de ce milieu. Si elle synthétise certaines molécules qui lui permettent de mieux gérer ces “stress” biologiques. Mes travaux m’emmènent aussi sur le terrain écologique, pour analyser les impacts du développement de cet intrus sur la faune et la flore locales. La rade de Brest fournit un contexte particulier : elle est le seul refuge, en France, du petit statice, une plante protégée. Les suivis réalisés par le conservatoire botanique révèlent que plusieurs sites abritant le petit statice sont désormais colonisés par la spartine, tout comme des sites auparavant exempts de végétation. La macrofaune locale : vers, mollusques..., ressources alimentaires des oiseaux, se fait doucement chasser. D’un autre côté, la spartine peut, peut-être, avoir un rôle de filtre positif. D’où l’importance de mieux la connaître, pour mieux la gérer ! »
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du magazine Sciences Ouest