« Je redonne la vie à des espèces perdues depuis des millions d’années. »
Portrait
Président de l’Académie des sciences
Bernard Pivot m’avait déjà posé cette question et j’avais répondu : sûrement pas figurant dans le film Jurassic Park ! Mais j’aurais été naturaliste. L’étude de la nature m’a toujours intéressé.
Aujourd’hui, j’ai trouvé sept ou huit genres de dinosaures nouveaux pour la science, comme les dinosaures mangeurs de poissons. J’ai aussi découvert le plus gros crocodile du monde, un monstre incroyable de onze mètres de long qui vivait à l’époque des dinosaures. Et grâce à mes fossiles, j’ai daté un peu l’ouverture de l’océan Atlantique. Bref, j’ai découvert toutes sortes de choses, quelquefois totalement inattendues. C’est ce qui fait le plaisir du paléontologue.
Oui, énormément. Notamment lorsque j’ai été appelé pour la première fois à aller en Afrique pour expertiser quelques ossements fossiles..., dans un site qui s’est avéré être le plus grand gisement de dinosaures d’Afrique !
Des paires de lunettes de temps en temps sur les sites... Mais sinon je n’ai pas perdu grand-chose, au contraire je retrouve plutôt que je ne perds : je redonne la vie à des espèces perdues depuis des millions d’années.
Quand on cherche des fossiles sur le terrain, sous les pierres, il vaut mieux ne pas trouver des vipères à cornes ou des scorpions.
Ce serait de trouver un bon fossile qui vienne appuyer la filiation des dinosaures avec les oiseaux, car ceux que l’on a sont déjà assez évolués. J’aimerais bien en trouver un plus ancien, plus proche de la séparation des petits dinosaures carnivores, lorsqu’ils deviennent oiseaux. Car on est maintenant sûr que les oiseaux descendent des dinosaures, on sait de quelle façon ils se sont transformés, mais on peut encore trouver des maillons qui viendraient compléter la chaîne.
Rien ne me fait douter de la rationalité. Mais il faut distinguer le domaine rationnel, comme la physique, du domaine de la métaphysique qui est de l’ordre de la foi ou de la croyance. Souvent, les gens doutent parce qu’ils mélangent les deux.
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du magazine Sciences Ouest