" Fils de médecins, je ne voulais surtout pas faire médecine ! "

Portrait

N° 313 - Publié le 4 octobre 2013
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L'épreuve par 7
Patrick Bourguet

Président du Cancéropôle Grand Ouest

Magazine

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Fils de médecins et âgé de 18 ans en mai 68, je ne voulais surtout pas faire médecine ! J’ai finalement suivi un cursus d’ingénieur à Supélec et réalisé une thèse en physique du solide. Mais j’ai toujours eu un intérêt pour les sciences naturelles et la physiologie humaine. Je me suis donc retrouvé à la faculté de médecine. Mais je ne regrette pas du tout ce parcours, bien au contraire !

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Que le monde est un village ! Grâce à mes parents qui accordaient beaucoup d’importance à l’apprentissage des langues, j’ai passé plusieurs étés en Allemagne et je parle couramment allemand. J’ai ensuite appris l’espagnol et l’anglais et j’ai une véritable passion pour les voyages, les rencontres et la transmission aux autres. J’ai essayé de passer ce virus à mes enfants et à mes étudiants.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui, je pense à ma rencontre avec Jean-Yves Herry. Il était chef du service de médecine nucléaire quand j’ai commencé mon cursus en médecine. Il a cru à mon parcours un peu atypique et m’a offert le poste d’assistant dans son équipe. Depuis, nous n’avons pas cessé de nous côtoyer et sommes devenus amis. J’ai même occupé son poste de directeur du Centre Eugène-Marquis après lui.

Qu’avez-vous perdu ?

J’ai perdu de vrais amis, sans trop comprendre pourquoi... Cela m’a beaucoup affecté.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Je ne sais pas... Je pense que, conceptuellement, toutes les découvertes sont bonnes à faire. Après, bien sûr, c’est la capacité de l’homme à les exploiter qui est en jeu.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Le fait de comprendre pourquoi le cancer démarre. Car même si depuis quarante ans, on a beaucoup progressé dans la compréhension des mécanismes de cancérogénèse, d’apoptose(1), dans le ciblage des traitements..., on ne sait toujours pas pourquoi une cellule se met brusquement à se multiplier, jusqu’à provoquer la mort.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Plein de choses ! J’ai un comportement scientifique et rationnel dans ma démarche et dans ma façon d’observer les choses. Mais j’accepte très bien qu’il existe des domaines dans lesquels il n’y a pas d’explications rigoureuses. Je pense à l’homéopathie, à l’acuponcture, à la communication entre vrais jumeaux…

Interviewé dans son bureau du Centre régional de lutte contre le cancer Eugène-Marquis de Rennes, par Nathalie Blanc.

(1) Phénomène de mort programmée des cellules qui ne se déclenche pas dans le cas de cancer.

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