"J'étudie les espèces marines introduites"

À la Station biologique de Roscoff, j’étudie les espèces marines introduites par les activités humaines (transport maritime, aquaculture). Le programme franco-britannique Marinexus nous a permis de collaborer avec un centre de recherche à Plymouth(1) sur des protocoles communs d’observations et d’expérimentations en Manche(2).

Nos travaux se sont focalisés sur les ports de plaisance, des milieux riches en espèces non indigènes, entre Quiberon et Saint-Malo et des Cornouailles anglaises au comté du Devon. Sur le terrain, nous avons inventorié les spécimens via un protocole d’évaluation rapide. L’identification de certains d’entre eux a été validée au laboratoire, sur des bases morphologiques et moléculaires. Ainsi, nous avons découvert sur les côtes bretonnes un petit animal marin très abondant (l’ascidie Asterocarpa humilis) qui n’est apparu en nombre en Angleterre que l’été dernier. Soit il y a un temps de latence avant son expansion, soit il a plus d’affinités avec la Manche Sud ! D’après les ouvrages de référence, son aire de distribution naturelle se trouve en Océanie. Ainsi, le but de nos recherches est de reconstituer les routes d’expansion des espèces invasives, d’en connaître leur répartition géographique actuelle, et de comprendre comment elles s’acclimatent à leur nouvel environnement, en interaction avec les espèces indigènes. Beaucoup d’espèces introduites en Manche sont également apparues dans d’autres régions du monde : elles homogénéisent la biodiversité à une échelle mondiale, mais à l’échelle locale, elles sont aussi de nouveaux acteurs des écosystèmes marins !
 

(1)Marine Biological Association.
(2)Lire Sciences Ouest n° 272 - janvier 2010 : www.espace-sciences.org/sciences-ouest/archives/ plongeon-dans-la-biodiversite.