Ne rien faire, ça fait quoi ?

N° 324 - Publié le 14 octobre 2014
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Comment l’inactivité physique se traduit-elle à l’intérieur du corps ? Des chercheurs en décortiquent les mécanismes.

C’est en s’intéressant aux sportifs que les chercheurs du laboratoire Mouvement, sport, santé (M2S) basés à Bruz (près de Rennes), sur le campus de Ker Lann, ont commencé à travailler sur l’inactivité physique, un état mal connu, car trop souvent lié à l’obésité et donc à un désordre alimentaire. « Nous voulions nous affranchir de l’obésité pour bien comprendre les mécanismes en cause dans les effets de l’inactivité, explique Frédéric Derbré, enseignant-chercheur du laboratoire M2S. Des études récentes chez l’animal montrent que la baisse d’activité musculaire est visible sur le métabolisme musculaire dès le deuxième jour. Les lipides sont moins oxydés, ce qui augmente la masse grasse du sujet ; un état inflammatoire s’installe notamment au niveau des muscles et du foie conduisant à déréguler l’absorption du glucose par ces tissus. »

Dialogue entre muscle et foie

Ce dernier symptôme s’explique par le fait que les muscles captent normalement 80 % du glucose qui arrive dans l’organisme pour le transformer en énergie. Si ces derniers demeurent inactifs, le glucose reste donc dans le sang et favorise le développement d’une insulinorésistance.

Il est rapporté que l’insulinorésistance liée à l’obésité (ou syndrome métabolique) se trouve parfois associée à des troubles du métabolisme du fer, en particulier au niveau du foie. Ce thème est donc le dénominateur commun qui a incité les chercheurs de Ker Lann à rencontrer ceux de l’Unité Inserm 991, basée à l’hôpital Pontchaillou à Rennes, spécialisés dans les pathologies du foie.

« Il existe très probablement un échange entre les deux systèmes : glucose/muscle et fer/foie, explique Olivier Loréal, directeur de recherche Inserm(1), et nous voulons travailler sur ce dialogue. » « Le muscle est, bien sûr, un tissu contractile, mais aujourd’hui, il est de plus en plus considéré aussi comme un organe qui absorbe et sécrète, ajoute Frédéric Derbré, au même titre que le foie. » La confirmation de ces nouvelles interactions entre deux systèmes qui, jusque-là étaient étudiés de manière indépendante, a convaincu les deux équipes d’officialiser leur collaboration et de répondre conjointement à des appels à projets.

Des résultats à croiser

Dans des travaux débutés en janvier dernier, ils poursuivent l’analyse de l’effet de l’inactivité physique sur des cellules musculaires de souris, commencée par Frédéric Derbré, en la couplant avec le suivi de cellules de foie. Les résultats sont en cours d’analyse, mais des anomalies ont déjà été mises en évidence côté foie.

Dans un deuxième temps, les chercheurs croiseront les facteurs : ils partiront de modèles où existe un excès de fer pour voir l’impact de l’inactivité ou de l’activité physique. Un projet qui devrait s’étaler sur trois années. Et qui, au final, pourrait peut-être concerner les personnes en surpoids.

Nathalie Blanc

(1)Et responsable de l’équipe Fer et foie : aspects physiologiques et pathologiques.

Frédéric Derbré
Tél. 02 90 09 15 87
frederic.derbre [at] univ-rennes2.fr (frederic[dot]derbre[at]univ-rennes2[dot]fr)

Olivier Loréal
Tél. 02 23 23 38 65
Olivier.Loreal [at] inserm.fr (Olivier[dot]Loreal[at]inserm[dot]fr)

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