Pour piéger l’énergie du vent

Stocker de l’électricité (des électrons) reste encore un problème. C’est même un des freins majeurs du développement des énergies renouvelables, souvent produites par intermittence. Chercheurs à l’Institut des sciences chimiques de Rennes(1), Florence Geneste et Didier Floner tiennent une piste.

Ils ont amélioré le système déjà existant(2) des batteries à électrolytes liquides circulants. Peu chers et faciles à fabriquer, leurs électrolytes sont à base de fer, et l’électrode est un feutre de graphite composé de fibres de 20 µm de diamètre (photo ci-contre), qui offre une grande surface de contact avec l’électrolyte et donc de nombreux échanges d’électrons. Les chimistes rennais ont réussi à augmenter encore ces échanges, et donc la puissance de la batterie, en recouvrant l’électrode d’une couche de nickel. Ils arrivent (c’est leur spécialité) à l’appliquer de façon uniforme entre les fibres, sans boucher les espaces entre les fibres, et même à y incruster des catalyseurs. La capacité de la batterie, elle, dépend du volume des électrolytes. Plus il est grand, plus le stockage de l’énergie est important. « Les cuves d’électrolytes stockent les électrons pendant la production et les restituent quand elle s’arrête, explique François Huber, le directeur de Ionwatt, l’entreprise créée en juillet dernier pour commercialiser la technologie. Notre batterie est tout à fait adaptée à des systèmes stationnaires comme la production d’énergie éolienne ou photovoltaïque. » D’après les prototypes du laboratoire, deux cuves(3) de 1 m3 pourraient alimenter les creux d’énergie d’un habitat individuel. Ionwatt s’apprête à intégrer le nouveau pôle d’ingénierie chimique de l’ENSCR(4) et à embaucher six personnes.