Chimie : on fait l'expérience ?

À la rentrée, les élèves m’ont demandé de refaire de la chimie cette année ! » En mai dernier, Delphine Guérin, enseignante à Piré-Chancé1, a utilisé une mallette de chimie dans sa classe de CM1-CM2. Ce laboratoire ambulant a été mis au point à l’ENSCR2 par le chi-miste Nicolas Cimetiere et ses collègues, dans le cadre du projet Merite3.Le but ? Sensibiliser les écoliers du primaire jusqu’au collège, en Bretagne et dans les Pays de la Loire, à la démarche scientifique.
« Les sciences sont enseignées de manières très différentes. Cela dépend notamment de la formation initiale des professeurs des écoles. » Ce constat a incité Nicolas Cimetiere et d’autres chercheurs de l’Ouest à imaginer cette mallette à roulettes en 2015. « Elle est destinée aux enseignants qui n’ont pas suivi de cursus scientifique. L’appréhension ou le manque de moyens ne doivent pas empêcher les sciences d'entrer en classe. » L’année suivante, le chimiste s’est associé avec un enseignant rennais. « Nous avons proposé nos idées et il nous a conseillé sur ce qui était réalisable, mais pas trop compliqué, pour les enfants. »

Éprouvettes et épluche-légumes

Première nécessité pour la mallette : son matériel doit être facilement remplaçable quand il est usé. Pour cette raison, les béchers4, éprouvettes5 et pissettes6 d’eau distillée côtoient les pailles, les épluche-légumes et les rouleaux à pâtisserie. La mallette contient des ingrédients : de l’huile, du vinaigre, du bicarbonate de soude… pour que les enfants s’approprient tout de suite les expériences. « La première fois, les élèves ont demandé à leurs parents comment récupérer la couleur d’une carotte ! », se souvient Delphine Guérin.
Un livret accompagne la mallette, pour détailler le déroulement des séances. Elles sont toutes sur le thème des couleurs. Au pro-gramme : extraire la couleur d’un légume, comprendre le lien entre l'acidité et la couleur d’un végétal, réaliser un ascenseur à vinaigre... « Les scénarios du livret permettent de revoir, d’une séance à l’autre, ce que les élèves ont appris, apprécie Delphine Guérin. Cette scéna-risation titille la curiosité des élèves, par exemple quand il faut trouver l’ingrédient mystère qui change la couleur du chou. » Les appren-tis chimistes mettent au point leur protocole, avec le vocabulaire scientifique et des schémas. Ils l’expérimentent, observent et en tirent des conclusions.

De l’optique à l’écologie

« Ils ont énormément accroché ! », note Delphine Guérin, qui est « très intéressée par les autres thématiques. »
En plus de la chimie des couleurs, treize autres thèmes, de l’optique à la lutherie en passant par l’écologie, sont déclinés en soixante mallettes ! Elles circulent dans les classes bretonnes et ligériennes. À la fin du projet Merite dans un an, 500 mallettes devraient être utilisées partout en France.

Notes

1. En Ille-et-Vilaine.
2. École nationale supérieure de chimie de Rennes.
3. Mettre l’expérience des réalités industrielles et techniques au service de l’école. Le projet Merite groupe huit établissements de recherche en Bretagne et Pays de la Loire : l’ENSCR, l’IMT Atlantique, l’Esa Angers, l’Ensim au Mans, l’Université de Nantes, l’IRT Jules Verne et l'ESB à Nantes.
4. Récipients cylindriques dotés d’un bec verseur, pour la préparation des mélanges.
5. Tubes de verre allongés et gradués servant au dosage volumétrique.
6. Récipients de laboratoire produisant un jet d’eau.