Âge de l’Homme, âge du plastique ?

Au sud de l’île d’Hawaï, des déchets plastiques fondus par la lave se sont agrégés à des sédiments marins, formant une nouvelle roche : le plastiglomérat. À l’autre bout du monde, sur les côtes de Madère, au Portugal, la roche se couvre d’un vernis plastique probablement incrusté sous l’action de vagues qui viennent broyer des déchets contre les falaises. Les chercheurs l’ont appelé plasticroûte.

Vestige archéologique 

Moins de 100 ans après l’industria-lisation de la production de plastique, l’humain a irrémédiablement laissé sa trace dans l’écorce terrestre. Un constat qui fait dire à certains scientifiques que nous sommes entrés dans l’Anthropocène. « Selon cette thèse, l’être humain est devenu une force si importante que nous avons changé d’époque géologique », souligne Yoann Chantreau, géoarchéologue au Creaah¹, à Rennes.
« L’Homme a marqué durablement le paysage dès qu’il a commencé à travailler les métaux, nuance le chercheur, mais ce qui est impressionnant avec le plastique, ce sont les volumes et l’échelle de temps. » Ce faisant, le matériau entre dans l’Histoire. D’ailleurs, pour le scientifique cela fait peu de doute, viendra un jour où il sera étudié comme un vestige. « Les contours de l’archéologie sont mouvants ; jusque dans les années 1950, tout ce qui était médiéval n’était pas considéré comme digne d’intérêt car trop récent », illustre-t-il. Alors après l’âge du Fer, étudiera-t-on l’âge du plastique ?