Pour les Romains, le cheval, c’était génial
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Du fidèle destrier au symbole de noblesse par excellence, le cheval se fait compagnon des guerriers comme des voyageurs durant l’Empire romain. Des usages antiques que raconte une exposition temporaire du musée archéologique Coriosolis.
Tout est parti d’un objet minuscule, retrouvé lors de fouilles préventives1 menées en 1973 à Corseul, dans les Côtes-d’Armor. Sur plusieurs fragments d’un gobelet en verre moulé, minutieusement réassemblés, se dessinent un char et quatre chevaux. Datant de la seconde moitié du 2e siècle, il témoigne du riche passé gallo-romain de la commune, bien souvent oublié. « Un objet peut raconter mille histoires », déclare Matthieu Bourel, chargé d’exposition à Coriosolis, le musée archéologique où l’exposition « Le cheval à tout faire » est présentée jusqu’au 31 mai. « Nous aurions pu raconter celle du travail du verre ou de la vaisselle de luxe, mais nous avons choisi celle des chevaux et de leurs usages à l’époque romaine. »
Au galop à travers l’Empire
La petite commune, abandonnée à la fin de l’Antiquité, n’a que peu grandi depuis, et ses sols sont restés riches de trésors antiques. Les archéologues y ont mis au jour les vestiges d’une station routière équine, qui permettait aux voyageurs de reposer ou de changer leur monture. « Cette sorte de “relais-poste” est une trace en négatif d’une auberge, avec des écuries, détaille l’historien de l’art. On sait ainsi que le cheval était présent. »
Cheval de guerre, cheval de course
À l’époque, Corseul se situe au croisement entre les axes routiers qui relient plusieurs hauts-lieux de la vie bretonne, dont Condate, l’actuelle Rennes. L’un des usages de ces fidèles destriers est donc de transporter hommes et messages à travers l’Empire romain. Les débuts de l’élevage équin permettent d’ailleurs de spécialiser petit à petit les animaux pour des tâches particulières, le voyage, la guerre, les jeux ou encore l’apparat.
Plus encore qu’aujourd’hui, le cheval est à l’époque un animal noble. S’il est parfois utilisé pour la chasse, les débuts hésitants de la selle, alors sans étriers, rendent les poursuites en forêt périlleuses : elles sont essentiellement pratiquées par les jeunes notables romains. L’animal est un véritable symbole de prestige et il n’est pas élevé pour être consommé, ni pour les travaux agricoles, pour lesquels les bœufs ou les ânes sont privilégiés. Aussi, « si la Gaule n’est pas réputée pour ses chevaux, elle l’est pour ses cavaliers, explique Matthieu Bourel. Il n’est pas rare que quelques habiles mercenaires soient enrôlés pour faire la guerre au nom de l’Empire. »
Enfin, comme le montre la petite gravure à l’origine de l’exposition, le cheval sert aussi pour les jeux. À Corseul, pas d’édifice de spectacle, les cirques étant réservés aux villes majeures, mais « les courses de char vont rester populaires longtemps, à l’inverse des combats de gladiateurs, par exemple », précise encore le chargé d’exposition. Cela mène les représentations de l’animal à se répandre et à s’unifier au sein de l’Empire.
1. À l’inverse des fouilles programmées, elles sont menées lorsque des vestiges sont susceptibles d’être détruits par des aménagements.
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