« Le favoritisme dans l’édition scientifique »
Portrait
« Je travaille sur les conflits d’intérêts entre auteurs et éditeurs de revues scientifiques. L’idée de cette recherche est venue à la suite de la saga “hydroxychloroquine”, l’une des controverses marquantes de la pandémie du Covid qui repose sur une série d'articles publiés au sein de revues dans lesquelles un voire plusieurs membres du comité éditorial étaient également auteurs de ces articles. C’est ce qui peut s’apparenter à un journal d’autopromotion !
5 millions d’articles
Dans la mesure où les chercheurs sont majoritairement évalués à partir d’indicateurs quantitatifs tels que le nombre d’articles publiés, user de sa position éditoriale pour faciliter et accélérer la publication de son propre article peut paraître contraire à l’éthique. Avec mon équipe, nous sommes donc partis à la chasse au népotisme2 éditorial. Pour évaluer le favoritisme dans un journal scientifique, nous avons pisté les auteurs prolifiques dans 5 millions d’articles publiés dans près de 5 500 revues biomédicales. Résultat : dans 5 % des journaux, un chercheur co-signe plus d’un article sur dix. Et dans 60 % des cas, ces auteurs ont un lien direct avec le comité éditorial. Pour aller plus loin, nous lançons une nouvelle recherche qui prendra en compte la qualité des études publiées selon qu’elles soient signées ou non par un membre du comité éditorial. »
SOPHIE PODEVIN
Contact
clara.locher [chez] chu-rennes.fr (clara[dot]locher[at]chu-rennes[dot]fr)
1. Institut de recherche en santé, environnement et travail.
2. Quand une personne use de son influence pour favoriser ses proches.
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