« Le jeu n’a plus de frontières »

Les pouvoirs du jeu

N° 417 - Publié le 22 février 2024
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Progressivement, le jeu s’immisce davantage dans notre quotidien en répondant à un désir de divertissement. Aujourd’hui, pour passer le temps, on peut jouer à Candy Crush ou visionner sur les réseaux sociaux des défis comme les trick-shot1. Et les relations sociales deviennent elles aussi des parties de jeu avec les applications de rencontres, où l’utilisateur peut s’amuser à faire défiler les profils et les liker.

« Le jeu n’a plus de frontières, la porosité devient toujours plus grande entre les pratiques ludiques et les choses plus sérieuses », remarque Aurélien Fouillet, sociologue et auteur de l’ouvrage Playtime, comment le jeu transforme le monde2. Car le divertissement intervient désormais dans la sphère professionnelle, où les jeux de rôle tels que le loup-garou sont utilisés pour renforcer les liens entre collègues.

Imaginer le monde


L’omniprésence du ludique dans notre société est lourde de sens puisqu’elle s’accorde avec une nouvelle vision du monde où le rapport au travail semble bousculé. « La crise du Covid a permis de remettre en question le modèle où la dignité passait par le fait d’avoir un emploi », raconte Aurélien Fouillet. Cette quête d’imaginaire à travers les jeux peut aussi traduire une perte de repères. « Nous n’avons plus de grands récits collectifs, de projets communs. Le jeu prend la place vacante pour construire un espace propice à la création de nouvelles histoires », constate le sociologue. Pour lui, nous traversons une période de transition dans laquelle les jeux et la fiction sont des moyens d'imaginer collectivement une autre société.

Nolane Langlois

1. Qui consistent par exemple à marquer des paniers à de grandes distances.
2. Éditions Les Pérégrines (2022).

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