Les data centers, centres névralgiques du numérique

L'empire du numérique

N° 424 - Publié le 28 novembre 2024
© MATTHIAS / ADOBE STOCK
Les centres de données représentent entre 2 et 4 % de la consommation mondiale d'électricité.

Souvent pensé comme un immense réseau dématérialisé, le numérique s’appuie pourtant sur des dispositifs bien concrets : les data centers.

Vous êtes sûrement déjà passés devant sans les remarquer. Ces hangars anonymes, souvent en périphérie des villes, qui abritent parfois des dizaines de milliards d’ordinateurs. Les data centers – ou centres de données – sont la face discrète mais bien tangible du monde digital. « Sans eux, le numérique ne ressemblerait pas à ce que nous connaissons », assure Jean-Marc Menaud, professeur d’informatique à l’IMT Atlantique à Nantes et directeur adjoint du LS2N1.

Routes et ronds-points


« Quasiment tous les services que nous utilisons en ligne sont hébergés dans ces centres », poursuit le chercheur. Il faut imaginer nos écrans d’ordinateurs, de tablettes ou de smartphones comme de simples fenêtres. Elles nous donnent une vision d’une application ou d’un site internet mais l’exécution se fait à distance. « Quand je suis sur ma messagerie, je vois des mails et des dossiers mais l’envoi des messages ou le tri des spams se fait dans un centre de données, c’est lui qui travaille ; notre ordinateur n’est qu’un outil qui nous y relie », illustre Jean-Marc Menaud. 

Tout part d’une requête que nous envoyons, en cliquant sur le film que l’on choisit de regarder sur une plateforme de vidéo à la demande par exemple. L’ordre se met en chemin pour se rendre au data center qui abrite la vidéo. Transporté par la fibre optique, il voyage à la vitesse de la lumière « sur ce qui ressemble beaucoup à des routes, explique le chercheur. Il y a des autoroutes et des routes secondaires, le tout ponctué de ronds-points qui orientent la requête sur le bon trajet ». Arrivée à destination, l’information est traitée et le film voyage en sens inverse jusqu’à notre écran. Le tout en quelques secondes à peine.

Le cloud computing, qui désigne cette utilisation des capacités de stockage de serveurs répartis dans le monde entier et reliés par un réseau, a changé la donne. « Avant, l’utilisateur devait télécharger un logiciel qui tournait sur l’ordinateur, maintenant le même service est hébergé à distance et accessible depuis n’importe quel écran du monde entier, pourvu qu’on s’y connecte », analyse Jean-Marc Menaud.

24 heures sur 24


Mais la multiplication des data centers n’est pas sans conséquences. « Il est impossible de recenser ces centres mais on estime qu’ils représentent entre 2 et 4 % de la consommation d’électricité mondiale », souligne le scientifique. Les serveurs fonctionnent en effet 24 heures sur 24 pendant en moyenne sept ans et chauffent tellement que les bâtiments doivent être refroidis par des systèmes de climatisation. Certaines entreprises installent même leurs équipements dans des pays nordiques. « L’empreinte carbone dépend du mix énergétique des pays, ce n’est pas la même chose si l’électricité provient du nucléaire ou du charbon », nuance Jean-Marc Menaud. Toujours est-il que le numérique n’est pas aussi dématérialisé qu’on tend à le croire.

Violette Vauloup

1. Laboratoire des sciences du numérique de Nantes.

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