« Ces peintures ne sont pas là par hasard »
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À l’église des Jacobins de Morlaix, la découverte de peintures médiévales intrigue les archéologues, qui cherchent à savoir comment elles pourraient éclairer l’histoire du lieu.
L’un des plus vieux bâtiments de Morlaix n’a pas fini de révéler ses secrets. Depuis septembre 2023, l’église des Jacobins est étudiée de près par des archéologues de l’Inrap1. L’année dernière, une fouille avait mis au jour plus de 230 tombes, ouvrant une fenêtre sur les pratiques funéraires de nos ancêtres2.
Et depuis septembre, l’étude se concentre sur l’architecture de l’église, dont la plus ancienne phase de construction remonte au 13e siècle. « Avec des topographes, des historiens ou encore des géologues, on essaie de collecter un maximum d’indices pour retracer la vie du monument et notamment les différentes étapes de sa construction », explique Teddy Béthus, archéologue à l’Inrap, qui coordonne cette étude du bâti.
Montrer son pouvoir
Et une découverte inattendue pourrait bien les aider. En septembre, des peintures médiévales recouvertes pendant des siècles de couches de badigeons ont été retrouvées sur certains murs et piliers. « Il est rare que ce type de traces se soient conservées », note l’archéologue, qui cherche aujourd’hui à comprendre à quoi elles servaient. « Ces peintures ne sont pas là par hasard. On a par exemple retrouvé le blason des Penhoët, une famille noble de Morlaix qui a sans doute voulu s’approprier une partie du lieu pour montrer son pouvoir. »
Les vestiges sont encore en cours d’analyse, notamment pour pouvoir les dater. « Ce qui nous intéresse, c’est de replacer les éléments de la vie de l’église dans le contexte historique le plus précis possible », souligne Teddy Béthus. En Bretagne, le Moyen Âge, et le 14e siècle en particulier, furent marqués par des guerres. « Des peintures comme celles-ci, mettant en scène la dévotion et la puissance de certaines familles, avaient un fort pouvoir symbolique et on peut lire des enjeux politiques derrière, notamment sur la volonté d’être bien perçus de l’Église », résume l’archéologue.
1. Institut national de recherches archéologiques préventives.
2. Lire Sciences Ouest n°418 (avril 2024).
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