Global Warning
Carte blanche


Quoi de mieux qu’une carte blanche pour exposer ses idées sombres ? Voir Brocéliande en feu en 2022… Pour un Breton, c’est tout un symbole ! Les changements que nous vivons actuellement donnent le vertige.
Épée de Damoclès
L’étude du passé de la Terre, enregistré dans des glaces polaires ou dans les sédiments, nous montre que le taux de CO2 sur les 800 000 dernières années – soit bien au-delà de l’apparition d’Homo Sapiens, a varié entre 180 et 280 ppm2. Ce taux de CO2 est directement corrélé aux variations de températures. Les changements historiques observés dans le passé sont déjà des changements majeurs. Si le taux de CO2 est au plus bas, Londres se retrouve au bord de la calotte glaciaire. S’il est au plus haut, le niveau de la mer peut monter de plusieurs mètres. La première fois que je suis venu à l’Espace des sciences de Rennes, en 2013, le taux de CO2 était d'environ 395 ppm. 115 ppm au-dessus de tout ce que les premières civilisations ont pu connaître. Le taux est aujourd’hui proche de 425 ppm. La machine s’emballe, et la température ne peut qu’inexorablement suivre le mouvement, avec – heureusement – une certaine latence pour l’instant encore salvatrice… L’Humanité vit désormais avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Comment ne pas penser au dernier terme de l’équation de Drake, mise en place dans les années 1960 pour tenter d’estimer le nombre de civilisations extraterrestres avec lesquelles nous serions susceptibles de communiquer, et qui sonne comme une possible alerte ? Ce dernier terme de l’équation correspond à la durée de vie d’une civilisation technologiquement avancée. Plus cette durée est grande, plus nous avons de chance de capter un signal. Pour l’instant, l’Espace qui nous entoure reste bien silencieux aux radiotélescopes qui scrutent l’Univers.
Fenêtre temporelle
Qu’est-ce que cela signifie ? Une civilisation technologiquement avancée est-elle inexorablement amenée à s’autodétruire à court terme, confinant l’émission d’un signal interstellaire à une fenêtre temporelle infime ? Est-ce que, au contraire, la vie intelligente et technologique foisonne dans l’Univers, et nous n’écoutons juste pas comme il faut ? Serions-nous, comme l’imaginait Carl Sagan, l’équivalent d’un peuple primitif communiquant d’une vallée à l’autre par des battements de tambours, incapables d’imaginer l’information qui circule pourtant à foison sur les ondes hertziennes au-dessus de ces deux vallées ?
Notre problème de CO2 est l’un des plus gros défis que l’Humanité ait eu à relever. En cela, il est paradoxal de voir que l’essentiel des recherches sur le moteur Google, au moment de la sortie du rapport alarmant du Giec durant l’été 2021, concernait la possibilité d’un transfert du joueur de foot Lionel Messi d’un club à un autre. Le football sort d'ailleurs encore premier au top 10 des recherches Google en 2024, l’année la plus chaude jamais enregistrée. Me voilà donc rassuré sur nos priorités…
Pas de planète B
Il semble bon de rappeler encore une fois qu’il n’existe pas de planète B sur laquelle nous pouvons survivre sans scaphandre (faute d’être irradié, brûlé par les UV, asphyxié et congelé, comme à la surface de Mars, à moins d’avoir les gènes d’un tardigrade).
Difficile équilibre à trouver donc entre insouciance, espoir, réalité, action… Il appartient à chacun d'agir selon ses moyens. Qu’une chercheuse ou un chercheur découvre comment on se débarrasse efficacement et massivement du CO2 atmosphérique, voilà le nouveau Messie (oui, avec un « e ») !
1. Laboratoire de planétologie et géosciences.
2. La concentration de carbone dans l'air se mesure en « partie par million », abrégé ppm.
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