Études de genre : qu’en est-il vraiment ?
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50 000 articles issus de 120 revues. C’est à partir de ce corpus colossal qu’une équipe de sociologues et de politistes a analysé la place des approches de genre et intersectionnelle1 dans les sciences sociales en France depuis le début du siècle. « À notre connaissance, c’est le premier travail de ce type », souligne Estelle Delaine, maître de conférences en sciences politiques à l’Université Rennes 2 et co-autrice de l’étude publiée ce mois-ci dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales. Une IA a été entraînée pour l’occasion, chargée de repérer les publications intégrant une perspective de genre définie plutôt largement2. Résultat : entre 2001 et 2022, la proportion d'articles sur le sujet n’est passée que de 9 à 11,4 %, restant donc très minoritaire. L’immense majorité de ces articles a en outre été publiée par des revues spécialisées. « En conséquence, les supports généralistes sont restés un peu imperméables au genre », note Estelle Delaine. Et sans grande surprise, ce sont surtout des femmes qui les écrivent.
Polémiques
Alors qu’une supposée importance de la place du genre à l’université fait l’objet de nombreuses critiques dans l’espace médiatique, ce travail de recherche sur la recherche « apporte de la réflexivité, il permet de distinguer un ressenti et des faits », souligne la chercheuse. Voilà en effet une étude quantitative qui prouve leur place minoritaire. « De quoi les polémiques sur la place du genre à l'université sont-elles le signe ?, s’interrogent les chercheurs. Certainement pas de l'omniprésence de cette approche. »
1. Mobilisant de façon simultanée les rapports de classe, de genre et/ou de race.
2. La distinction homme/femme comme variable d’analyse, l’angle des rapports sociaux de sexe, l'identité de genre, les rôles sexués, les performances de genre, l'identification et l'orientation sexuelles.
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