Un pont avec le grand public
Actualité

D’Instagram à sa newsletter, une Bretonne expatriée aux États-Unis s’attache à vulgariser les sciences, avec humour et succès. Un travail pas toujours évident à l’heure de la désinformation scientifique.
Elle a un alligator dans son jardin et probablement des dizaines de perruques dans ses armoires. Depuis Naples, en Floride, Océane Sorel enchaîne vidéos et newsletters de vulgarisation scientifique. « Ça fait un an que je m’y consacre à plein temps », raconte la Vannetaise d’origine.
La forme sert le fond
Comment différencier une gastro d’une intoxication alimentaire ? Est-ce qu’on peut réutiliser l’eau de sa bouilloire ? Pourquoi est-ce que la grippe est si violente cette année ? À grand renfort de déguisements et de personnages, Océane Sorel traduit sur un ton un peu décalé des concepts scientifiques liés à la santé et utiles à la vie de tous les jours. « Je pense qu’on apprend mieux si c’est accrocheur, la forme sert le fond. Si j’avais dit tout ce que j’ai dit de manière très scolaire, ça n’aurait pas été autant écouté », soulève celle qui rassemble aujourd’hui 263 000 abonnés sur son compte Instagram, @thefrenchvirologist.
Depuis un an et demi, elle publie également toutes les deux semaines une newsletter1 payante, sur un système d’abonnement, qui lui permet de vivre de la vulgarisation. « Nous, scientifiques, parlons très bien entre nous mais pas tant avec le grand public, j’aime cette idée de faire un pont et rétablir la confiance avec le monde scientifique qui est un peu perdue depuis quelques années. Et quand je travaillais en laboratoire, je ne ressentais pas aussi directement l’utilité de mon travail », confie-t-elle.
Désinformation
Car avant de se lancer dans la création de contenus, Océane Sorel a cumulé diplômes et postes dans la recherche : un doctorat en médecine vétérinaire, un autre en immunologie-virologie, un premier poste dans un laboratoire californien puis un passage dans l’industrie où elle a travaillé sur la recherche contre le cancer. Partie aux États-Unis avec sa famille, la Bretonne n’a jamais ressenti l’envie de quitter l’Amérique, même si elle doit tout de même composer avec un contexte pesant. « Les attaques de l’administration Trump contre la science sont graves, il faut que les gens réalisent que cela va impacter la recherche et la santé publique du monde entier, et je ne parle même pas du fait que la désinformation provienne du plus haut niveau de l’État », déplore Océane Sorel.
Face à la situation, difficile de rester optimiste. À travers son travail, la scientifique essaie pourtant de « jouer un rôle en dénonçant ces attaques » et en donnant des clés pour repérer les fausses informations. Pas de quoi alléger sa charge de travail déjà colossale. Pour une newsletter, il faut compter « entre 50 et 60 heures, des dizaines de publications épluchées et une centaine de pages de notes », résume sobrement celle qui, elle le reconnaît, « travaille beaucoup, dort peu ».
1. Au microb’scope, accessible sur la plateforme Substack.
TOUTES LES ACTUALITÉS
du magazine Sciences Ouest