Une plongée dans les virus de la Seine

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N° 431 - Publié le 12 août 2025
© CALYPSO LOGEL / SIAAP - DIRECTION INNOVATION
Alisa Langlais séquence le génome des virus de la Seine pour les inventorier.

Le premier inventaire des virus de la Seine est en cours, grâce à une nouvelle technique de séquençage. Ils constituent une part insoupçonnée de nos écosystèmes.

Alisa Langlais, doctorante en microbiologie environnementale à l’unité Ecobio de l’Université de Rennes, réalise depuis 2023 un grand inventaire des virus de la Seine, dans le cadre de sa thèse en partenariat avec le Siaap1 et dirigée par Achim Quaiser, maître de conférences. Elle prélève l’eau du fleuve, à l’entrée et à la sortie de stations d’épuration. « Après filtration, je réalise l’extraction de l’ADN et de l’ARN des virus, que je prépare pour le séquençage », explique-t-elle.
Les génomes ARN ou ADN sont fragmentés en de multiples morceaux, qui peuvent être déchiffrés avec précision par un séquenceur nouvelle génération2. « Le problème, c’est que toutes les séquences des différents virus se mélangent, poursuit-elle. Ensuite, il faut les réassembler : c’est comme un puzzle. » Un immense puzzle bioinformatique, dont la résolution nécessite une importante capacité de calcul. « Depuis mon ordinateur, je fais tourner mes analyses à distance sur de puissants serveurs », précise-t-elle.

Modéliser le parcours des virus


Grâce à cette technique innovante, Alisa Langlais ouvre une porte sur l’univers nanoscopique de la Seine. « Ce qu’on trouve en majorité dans les écosystèmes aquatiques, ce sont des virus qui infectent des bactéries : les bactériophages », indique-t-elle. Les virus pathogènes pour l’humain ne représentent qu’une infime part. La doctorante examine aussi l’impact de l’agglomération parisienne sur la biodiversité virale. « Elle peut être affectée par les changements des communautés bactériennes, car les populations de virus dépendent de leurs hôtes », observe Céline Roose-Amsaleg, co-encadrante de la thèse, ingénieure de recherche CNRS en microbiologie environnementale. Grâce à un travail de modélisation, Alisa Langlais étudie la dynamique des virus : « Avec des collègues de l’Irmar3, nous essayons de modéliser ce que devient un virus dans la Seine, comment il se déplace, sédimente ou se dégrade. » Ce modèle pourrait ensuite être transposé à d’autres fleuves.

Élodie Papin

1. Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne.
2. Sur la plateforme régionale EcogenO, à Rennes.
3. Institut de recherche mathématique de Rennes.

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