Les plantes aussi les manient

Les super-pouvoirs de l'odorat

N° 431 - Publié le 12 août 2025
© PERRY VAN MUNSTER / ALAMY

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L’usage des odeurs n’est pas l’apanage des animaux et des humains, au contraire : les plantes aussi s’en servent. Si nous connaissons bien le parfum de la rose, il n’y a pourtant pas que les fleurs et leur nectar qui sont odorants. Les feuilles aussi, ainsi que les tiges et même les racines, produisent des molécules volatiles pour attirer, repousser ou communiquer. « Chez les plantes, les odeurs servent principalement à interagir avec d’autres espèces, en particulier les insectes pollinisateurs, explique Anne-Marie Cortesero, enseignante-chercheuse à l’Université de Rennes. Elles mettent donc en place de véritables stratégies odorantes nécessaires à leur propre survie. « En général, elles émettent une odeur que l’insecte associe à une récompense nutritive, c’est-à-dire du nectar à butiner, en échange du transport de pollen. » Des stratégies plus originales existent, comme celle de la gigantesque Arum titan, qui produit un très fort fumet, similaire à celui d’un cadavre en décomposition, pour attirer les insectes nécrophages1. Certaines orchidées, elles, ont recours à une double imitation : en plus d’imiter parfaitement une forme d’insecte, elles exhalent une odeur similaire aux phéromones sexuelles, trompant presque parfaitement leurs pollinisateurs attitrés.

Repousser les indésirables


D’autres effluves végétaux servent à repousser les insectes indésirables, en faisant passer les plantes pour mauvaises à consommer, voire en attirant par l’odeur les parasitoïdes de leurs propres ennemis. Et elles communiquent entre elles, qu’elles soient de la même espèce ou non, voire avec elles-mêmes quand les individus sont très grands2. « Lorsqu’elles sont consommées par des insectes, les plantes émettent des signaux olfactifs et peuvent signaler si c’est un coléoptère ou une chenille qui les attaque, en les reconnaissant à partir de leur salive », précise la biologiste. La communication peut donc être très fine, grâce à un assemblage de molécules qui forme un « code-barres olfactif » et donne une information très précise, permettant la mise en place d’un arsenal de défense très ciblé et efficace.

Anna Sardin

1. Qui se nourrissent de cadavres.
2. Une liane, par exemple.

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