Mémoires de paysages

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N° 433 - Publié le 27 novembre 2025
© THOMAS LOUAPRE / DIVERGENCE

En s’intéressant au passé, l’archéologie permet parfois de mieux comprendre le présent. C'est ce qu'illustre une exposition nantaise en retraçant l'évolution du panorama local depuis la Préhistoire.

Le Chronographe, musée d’archéologie de Nantes Métropole, dévoile sa nouvelle exposition temporaire, « Ceci n’est pas qu’un paysage ! », visible jusqu’au 22 septembre 2026. Conçue en partenariat avec l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), l’exposition propose un voyage à travers le temps et raconte comment les peuplements successifs, du Paléolithique au Moyen Âge, ont façonné le paysage nantais.

Aménagement du territoire


Souvent perçue comme une science tournée vers ce qui fut, l’archéologie peut toutefois entrer en résonance avec des enjeux contemporains. « L’archéologie est une science pratiquée à des échelles temporelles et géographiques très larges, souligne Annabelle Dufournet, archéologue à Nantes Métropole ayant participé à la conception de l’exposition. Cela permet, à une époque d’immédiateté et de rapidité, de replacer des phénomènes et des questions dans un temps long. »

Dans le domaine de l’aménagement du territoire, cette approche se révèle particulièrement éclairante. « Nous héritons de paysages profondément transformés par les générations d’humains qui nous ont précédées, explique Isabelle Catteddu, archéologue à l’Inrap et référente d’une partie de l’exposition. L’archéologie nous renseigne sur la façon dont ces lieux que nous habitons ont été façonnés, et pourquoi. » Car depuis les premières installations humaines, chaque choix d’implantation a laissé son empreinte.


© LE CHRONOGRAPHE
Une nasse du 19e siècle et une anguille pêchée au lac de Grand Lieu (Musée d'histoire naturelle de Nantes).
 

Histoire d’un lieu


L’exposition met ainsi en lumière ces interactions entre l’humain et son environnement, en documentant la manière dont les sociétés anciennes ont exploité les ressources naturelles et comment les écosystèmes du pays nantais y ont répondu. Cette relation complexe entre activité humaine et transformation du milieu trouve une illustration probante dans le cas du plateau du Cellier, à l’est de Nantes. C’est sur cette zone que des vestiges archéologiques de fermes datant du 3e siècle avant notre ère ont été découverts. Or, « l’analyse de pollens anciens indique que le lieu était recouvert de forêts avant le 4e siècle avant J.-C., puis de céréales durant les siècles suivants », relate Annabelle Dufournet. L’endroit a donc été largement défriché, entre le 4e et le 3e siècle avant J.-C., pour construire des fermes et exploiter les zones alentours. « Et les méthodes agricoles anciennes ont des conséquences sur le développement de la végétation qui peuvent perdurer plusieurs siècles après leur mise en place », ajoute Isabelle Catteddu. Le paysage et la flore actuels sont donc hérités de cette histoire. Une parfaite démonstration du fait que l’archéologie, loin de se limiter à l’étude du passé, éclaire également notre compréhension du patrimoine environnemental d’aujourd’hui.

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