Un traitement anticancéreux en vue grâce à l’oursin

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N° 264 - Publié le 12 novembre 2014
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Une équipe de recherche de Roscoff a identifié une molécule susceptible de lutter contre la leucémie. Le CNRS a déposé un brevet le 5 mars.

L’événement ne manque pas de piquant. L’équipe dirigée par Patrick Cormier de l’unité mer et santé de la station biologique de Roscoff a pu mettre en évidence le rôle anticancéreux d’une molécule à partir d’études chez l’oursin (le peptideA1). Une découverte majeure qui a débouché, le 5 mars, sur le dépôt d’un brevet au nom du CNRS. Si l’industrie pharmaceutique décide de l’exploiter, un traitement contre la leucémie lymphoïde chronique pourrait être commercialisé d’ici cinq à dix ans. Cette maladie touche entre 100 000 et 500 000 personnes en Europe. C’est un cancer du sang caractérisé par une accumulation de lymphocytes, l’un des plus fréquents chez l’homme de plus de 40 ans.

« Si on m’avait fixé comme objectif de trouver directement un remède à la leucémie, je n’aurais jamais pu arriver à un tel résultat, fruit d’une collaboration avec Hussam Saad, médecin hématologue du CHU de Brest, et d’une certaine liberté de recherche, sans objectif finalisé », observe Bertrand Cosson. Le chercheur a comparé les mécanismes cellulaires de l’oursin avec ceux de cellules infectées par la leucémie, grâce à des échantillons de sang apportés par le Dr Saad à la station.

« Certaines molécules évoluent lorsque l’état du patient s’aggrave. En recherchant des molécules similaires chez l’oursin, il est plus simple d’observer leur comportement », ajoute Bertrand Cosson. Ensuite, il a réalisé une étude de la structure des protéines impliquées dans la régulation de la synthèse des protéines. En s’appuyant sur la bio-informatique, il a pu identifier les plus actives. Puis il a isolé la plus puissante pour y prélever le fameux peptideA1, « capable de tuer les lymphocytes malades. »

À présent, des essais sur des souris vont être menés dans le laboratoire du professeur Christian Berthou au CHU de Brest. Ils permettront d’évaluer les éventuels “effets collatéraux” de la molécule. « S’il y a peu d’effets secondaires, cela rendra le brevet assez “sexy” pour que les sociétés pharmaceutiques aient envie d’acheter une licence au CNRS », espère Bertrand Cosson. L’oursin ? Il reste à la station biologique. On a encore besoin de lui.

Bertrand Cosson,
cosson [at] sb-roscoff.fr (cosson[at]sb-roscoff[dot]fr)
Hussam Saad,
saad [at] sb-roscoff.fr (saad[at]sb-roscoff[dot]fr)

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