En 1973, le prix Nobel de médecine est remis à trois éthologues. J’ai alors su que je pouvais faire de ma passion un métier !

Portrait

N° 272 - Publié le 4 août 2014
© Nathalie Blanc
L'épreuve par 7
Martine Hausberger

Éthologue

Magazine

4320 résultat(s) trouvé(s)
Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Je ne sais absolument pas. Je m’intéresse aux comportements des animaux depuis que je suis enfant. Escargots, mouches, oiseaux... j’en rapportais plein ! Et puis en 1973, j’ai découvert à la télévision que le prix Nobel de médecine avait été remis à trois éthologues(1). J’ai alors su que je pouvais faire de ma passion un métier !

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

L’aboutissement de la relation sociale. J’ai acquis le goût d’être en contact avec des personnalités différentes et d’arriver à communiquer avec elles. Cela est d’autant plus important que je dirige un laboratoire(2).

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui, plusieurs fois. Une des plus récentes, c’est au cours de mes travaux en Afrique du Sud. Je suis tombée par hasard sur un chant d’oiseau qui n’était pas celui que je cherchais. Je l’ai enregistré, puisque j’étais là. En rentrant, je l’ai fait écouter à mes collègues sud-africains. Et cette semaine, l’un d’entre eux m’a appelée pour me dire qu’il s’agissait d’une espèce qui leur manquait, parmi une centaine !

Qu’avez-vous perdu ?

Mon chemin sur le terrain, souvent ! Quand on est concentré sur ce que l’on cherche, surtout quand il s’agit d’oiseaux..., que l’on suit son idée, on ne fait plus attention à la direction.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

La question n’est pas tant sur ce que l’on peut trouver que sur l’usage que l’on peut en faire. Il faudrait mieux ne pas trouver un support aux actes négatifs de l’homme envers lui-même et tout ce qui l’entoure. Je pense, par exemple, aux armes chimiques, biologiques...

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Le fait de pouvoir communiquer sans conflits, de se comprendre sans difficultés, pour créer un monde d’harmonie où l’on trouverait les actions justes aux moments justes. Une belle utopie n’est-ce pas ?

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Ce n’est pas une question que je me pose. Selon moi, il y a des choses que l’on est capable d’expliquer, d’autres non. Soit parce que c’est impossible, soit parce qu’on ne dispose pas encore des outils pour le faire. Je pense notamment à cette histoire qui a eu lieu en Angleterre au 18e siècle. Des cailloux étaient brusquement apparus dans un champ. Certains disaient qu’ils avaient dû être transportés sur place ; d’autres pensaient qu’ils étaient venus de l’atmosphère. Chose inimaginable à l’époque ! Plus tard, il s’est avéré qu’il s’agissait bien de météorites.

Cette spécialiste du comportement animal a été interviewée par téléphone par Nathalie Blanc, entre deux déplacements.

(1) Karl von Frisch, Nikolaas Tinbergen et Konrad Lorenz. (2) Laboratoire éthologie animale et humaine.

TOUS LES PORTRAITS

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest