La compréhension du rôle du boson de Higgs a changé ma relation au monde.

Portrait

N° 315 - Publié le 11 décembre 2013
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L'épreuve par 7
Philippe Lazar

Ancien directeur général de l’Inserm et président de l’IRD(1) - Parrain de l’édition 2013 du Prix Bretagne jeune chercheur(2)

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Médecine. J’ai hésité… mais j’étais bon en mathématiques et elles l’ont emporté !

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Disons que j’ai surtout beaucoup cherché. C’est ce qui est intéressant dans la vie : ne pas perdre le goût de chercher. Cela dit, si je trouvais un trésor, j’en serais sûrement ravi.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui, bien sûr. Statisticien de métier, j’ai tout le temps joué avec lui mais c’est vraiment par hasard que je le suis devenu : j’ai rencontré Daniel Schwartz en croyant qu’il faisait toute autre chose que ce qu’il était en train de faire : créer une unité de recherche statistique à l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif. Me prenant dans son équipe, il m’a permis de renouer avec ma passion rentrée de médecin.

Qu’avez-vous perdu ?

L’occasion de faire de la recherche en mathématiques ! Mon professeur de terminale m’avait invité en 1953 au café Cluny, à Paris, pour me demander si je voulais me diriger dans cette voie. J’ai répondu : « Oh non ! » Je regrette encore aujourd’hui cette réponse…

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Je ne vois pas du tout comment on pourrait décider a priori de ne pas trouver quelque chose. Se contraindre à ne pas comprendre est pour moi tout simplement impensable.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Je pense que toutes les découvertes changent ma vie. J’ai ainsi été très ému que la découverte du boson de Higgs ait permis de comprendre que la notion de masse n’est pas - plus - une propriété primordiale de la matière, comme on le pensait avant. Qu’elle est en fait une propriété seconde, résultant des frottements plus ou moins intenses des particules contre le champ de Higgs. N’est-ce pas bouleversant d’entrevoir ainsi une modification radicale de nos représentations de la matière ?

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Rien. Je suis un esprit rationnel ! Mais la rationalité n’est pas la seule manière de percevoir le monde. Je n’ai nul besoin d’elle pour apprécier la musique ou la poésie. Et je suis malheureux quand on cherche à en faire l’instrument exclusif de toute connaissance.

Interviewé par téléphone par Nathalie Blanc.

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