La sensation de faim décryptée

N° 324 - Publié le 14 octobre 2014
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Un acide gras présent dans les produits laitiers déclenche la sensation de faim. Des biochimistes cherchent comment.

Il donne sa bonne odeur au fromage de chèvre. Est-ce pour cette raison qu’il ouvre l’appétit ? L’acide caprylique, un acide gras que l’on retrouve dans les produits laitiers, joue en effet un rôle dans l’apparition de la sensation de faim. Et cette caractéristique ne lui donne pas que des amis, notamment parmi ceux qui cherchent des remèdes miracles contre l’obésité. Pour éviter qu’il ne soit décrié à tort, et les produits laitiers avec lui, Fanny Lemarié, une doctorante d’Agrocampus Ouest, consacre son énergie à comprendre comment il agit sur notre corps.

De l’estomac au cerveau

« L’acide caprylique fait partie des acides gras dits à chaîne courte, explique Vincent Rioux, biochimiste qui encadre ce travail, c’est-à-dire que leur chaîne carbonée - leur squelette en quelque sorte - contient entre quatre et dix carbones contre seize en moyenne. Ils sont propres aux produits laitiers. » L’acide caprylique, une fois digéré, passe dans l’estomac. « Là il rencontre une hormone, la ghréline, poursuit Vincent Rioux. Ces deux molécules vont se lier et le complexe va cheminer jusqu’au cerveau, pour déclencher une sensation de faim. »

Des rats au régime

Pour tester ce phénomène, la jeune chercheuse a nourri des rats avec différentes quantités d’acide caprylique. « Nous avons constaté que la dose ingérée ne change rien au comportement alimentaire. Car la quantité de complexe ghréline-acide caprylique reste à peu près stable dans un régime enrichi en acide caprylique ou dans un régime totalement exempt de cet acide gras. » En clair, les rats au régime enrichi en acide caprylique ne mangeaient pas plus que leurs voisins “témoins ” et les rats qui n’en goûtaient pas ne mangeaient pas moins ! Ce dernier point intrigue les chercheurs, car cela signifie que les rats ont produit eux-mêmes cet acide gras. « C’est ce que nous allons étudier à partir de maintenant », ajoute Vincent Rioux. Fanny Lemarié va également partir à la recherche d’autres protéines, hormones ou autres, qui pourraient interagir avec cet acide. En attendant les résultats, vous pouvez continuer à déguster votre fromage de chèvre en toute sérénité.

Céline Duguey

Vincent Rioux
Tél. 02 23 48 55 45
vincent.rioux [at] agrocampus-ouest.fr (vincent[dot]rioux[at]agrocampus-ouest[dot]fr)

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