Le milieu aquatique m’a toujours attiré
Portrait
Chercheur en biogéochimie à l’Ifremer de Brest
J’aurais fait plus de sport ! (rire) Plus sérieusement, le milieu aquatique m’a toujours attiré, j’aurais sûrement travaillé dans la chimie de l’eau, au sein d’une agence de l’eau(1) ou d’une station d’épuration.
De nouvelles questions à chaque fois qu’une réponse surgit. C’est ça qui est passionnant. J’ai aussi découvert des écosystèmes profonds fascinants, à une époque où plonger à 2000 m de profondeur est encore rare. C’est presque un exploit, alors qu’envoyer des sondes dans l’espace est finalement beaucoup plus commun, notamment pour le grand public.
Oui, à plusieurs reprises. Mes choix ont tenu à peu de chose, j’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes aux bons moments. Pour ma thèse, par exemple, j’ai cherché un directeur d’études au sud de la ligne Bordeaux-Lyon parce que j’avais envie de soleil après deux années passées au nord-est de l’Angleterre. J’ai atterri à Pau, dans un laboratoire de chimie analytique qui travaillait sur le bassin d’Arcachon. Suite à cela, une place s’est libérée à l’Ifremer de Brest et j’ai obtenu le poste. Un coup de chance !
Depuis que je suis responsable d’une équipe de recherche, j’ai perdu de la liberté. J’ai perdu des cheveux aussi, mais ça fait plus longtemps.
Je crois qu’on ne peut pas empêcher la recherche d’avancer. Le problème, c’est que quand on découvre de nouvelles ressources, on les exploite avant même d’évaluer l’impact que ça pourrait avoir sur l’environnement. Et justement, à propos des océans profonds riches en métaux et donc prisés par les industriels depuis quelques années, on essaie d’apporter notre expertise avant qu’il ne soit trop tard. C’est presque une course contre la montre.
Je n’arrive pas à imaginer de découverte qui aurait suffisamment de portée pour changer ma vie... Ah si, ce qui changerait ma vie, c’est un système de gestion de la recherche d’une simplicité absolue !
J’en doute tous les jours. Au lieu de tirer les enseignements de nos erreurs et d’utiliser rationnellement nos compétences ou nos outils, on se met des bâtons dans les roues. Je parle notamment de la gestion de la recherche : on crée une nouvelle structure pour simplifier les procédures sans éliminer la précédente. Le résultat est un mille-feuille administratif qui complique tout.
(1) Établissement public qui participe à la gestion de l’eau sur son bassin hydrographique.
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du magazine Sciences Ouest