Le numérique, dangereux pour la santé ?

L'empire du numérique

N° 424 - Publié le 28 novembre 2024
© HALFPOINT / ADOBE STOCK

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La généralisation de l’usage du numérique et l’augmentation du temps passé devant les écrans ont des conséquences très concrètes sur notre santé physique et mentale.

Les yeux qui piquent, un mal de tête en fin de journée, des difficultés à s’endormir… Les effets du temps consacré aux écrans, de l’ordinateur à la télévision en passant par le smartphone, se font vite ressentir.

Exposition massive à la lumière


Tout d’abord, la qualité du sommeil est influencée par la lumière bleue des écrans LED. Elle dérègle l’horloge biologique et donc la sécrétion de mélatonine, l’hormone qui facilite l’endormissement. Les notifications nocturnes et l’exposition à des contenus stimulants ou effrayants participent aussi à la dégradation des temps de repos nécessaires. Mais ce n’est pas tout : « Notre usage actuel des écrans pousse à la sédentarité et provoque une hausse des cas d’obésité ainsi que des nombreuses pathologies associées, constate Jonathan Bernard, chercheur épidémiologiste à l’Inserm1, à Paris. Chaque heure supplémentaire d’écrans par jour est associée à un risque plus important de surpoids. Résultat, en vingt ans les enfants ont perdu 18 % de leurs capacités cardiorespiratoires ».

Les yeux aussi en prennent pour leur grade. « L’impact sur la vision est parfois mis de côté, constate le scientifique. Pourtant, chez les tout-petits, l’œil en plein développement est sensible et une forte exposition aux écrans peut détériorer la rétine. Et pour tous les utilisateurs, le fait de n’exercer que sa vue de près favorise l’apparition de myopies. » Si les écrans ne sont pas les uniques responsables, l’exposition massive à de la lumière artificielle et le fait de peu regarder au loin favorisent le développement de pathologies de l’œil qui, avec l’âge, peuvent se dégrader jusqu’à la cécité.

Les potentiels effets positifs, quant à eux, sont difficiles à mesurer car plus indirects. Ils sont par exemple liés à l’accès à l’information médicale ou aux services de santé sur internet. Le constat de l'impact du numérique sur la santé mentale est moins tranché. «  Aujourd’hui, il n’existe aucun consensus scientifique sur l’impact général, positif ou négatif, du temps passé devant les écrans, explique Séverine Erhel, chercheuse en psychologie cognitive à l’Université Rennes 2. Avec le numérique, il existe de bonnes pratiques et d’autres qui sont délétères, en fonction des individus et du contexte. »

Utilisation excessive


Il faut donc regarder au cas par cas : par exemple, un visionnage fréquent de la télévision est associé à une légère baisse de la performance en mathématiques et en langage chez les plus jeunes. À l’inverse, l’usage de tablettes en classe dédiées à des jeux éducatifs peut permettre de meilleures performances scolaires. Ce qui est nocif, c’est l’utilisation excessive ou inappropriée des outils numériques. La chercheuse interpelle également sur « un usage compulsif des réseaux sociaux ou des jeux vidéo », souvent révélateur « de problèmes préexistants, comme l’anxiété, des troubles de l’estime de soi ou de la gestion des émotions, et qui doit permettre de tirer la sonnette d’alarme ».

Anna Sardin

1. Institut national de la santé et de la recherche médicale.

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