Parsifal, un bateau scientifique pas comme les autres

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N° 426 - Publié le 31 janvier 2025
© DES REQUINS ET DES HOMMES
Le Parsifal devrait partir pour sa première mission cet été.

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Rénové par les scientifiques de l’association Des requins et des hommes, le voilier nouvellement équipé prendra la mer pour sa première campagne océanographique cet été.

Restaurer un voilier pour en faire un laboratoire flottant et observer au plus près les squales : c’est une idée qui a d’abord germé dans la tête d’Armelle Jung, fondatrice de l’association Des requins et des hommes, basée à Plouzané. Mais c’est grâce à trois jeunes bénévoles qu’elle est devenue réalité. Lucas Zaccagnini, aujourd’hui chargé de mission scientifique au sein de l’association, et deux de ses amis, ont achevé la remise en état et l’équipement du Parsifal, un bateau récupéré en 2021 par l’association pour étudier les requins-taupes en mer.

Un mini-laboratoire


Construit par un amateur en 1975 et resté à terre durant douze ans, les travaux pour en faire une embarcation scientifique sont titanesques. « Il fallait avant tout trouver un moteur et le réinstaller, mais aussi démonter et rénover la coque en acier qui avait rouillé, et refaire l’installation électrique, y compris poser des panneaux solaires plus larges pour pouvoir travailler à bord », détaille le jeune homme. Ni une, ni deux, les manches se retroussent et en juin 2024, le bateau est enfin à l’eau, prêt à prendre le large.
L’équipe y installe petit à petit de quoi faire ses recherches. « Nous voulions que le voilier soit le plus polyvalent possible en y installant un mini-laboratoire et des outils de prélèvement en profondeur. Sous le bateau est fixé un récepteur acoustique qui peut détecter les balises installées sur certains animaux », indique Lucas Zaccagnini. Au programme : plongées, identification de requins grâce aux photos et prélèvements d’ADN environnemental1.
Et ce n’est que la première étape de cette « belle aventure ». Ces derniers mois, le Parsifal est sorti pour de petites navigations de préparation en vue de sa grande mission, qui devrait avoir lieu cet été. « Les requins-taupes, que nous suivons dans le Trégor depuis quatre ans, sont des animaux très mobiles. Nous voulons rejoindre l’Irlande et en faire le tour pour travailler avec nos homologues irlandais qui étudient aussi l’espèce, puis descendre par le golfe de Gascogne jusqu’au Gouf de Capbreton2, cette fois en collaboration avec des équipes espagnoles. »

Recherche non-invasive


L’idée est de mieux comprendre l’écologie du requin-taupe, ses habitudes et son mode de vie, mais aussi récolter des données sur différentes espèces pour d’autres équipes scientifiques. En plus de promouvoir un mode de recherche bas carbone et low-tech, le voilier permet de mieux observer la faune marine. « Certains animaux fuient quand ils perçoivent du bruit, d’où l’intérêt de ne pas avoir de moteur, explique Armelle Jung. Nous pourrons aussi accéder à des zones en pleine mer ou près des côtes, loin des routes classiques des campagnes océanographiques. » Des recherches sur le monde marin qui se veulent le moins invasives possible pour les animaux, et pour lesquelles, finalement, « le voilier suffit largement ! »

Anna Sardin

1. Fragments génétiques laissés par la biodiversité dans un milieu donné.
2. Canyon sous-marin au large des Landes.

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