« Je ne cours pas derrière une utopie. Je n’aspire pas à changer de vie. »
Portrait
Médecin à l’hôpital de Brest
Musicienne. Je pratique le chant lyrique en amateur depuis dix ans. J’ai toujours aimé chanter, mais je n’avais pas tellement le temps de le faire car je faisais médecine ! Ce que je ne regrette pas d’ailleurs.
Cela ne date pas d’aujourd’hui puisque j’ai commencé mes recherches en 2007, mais j’ai découvert le drame sanitaire du Mediator. J’ai exposé au grand jour la toxicité de ce médicament qui est bien plus grave que je ne l’imaginais(1).
Toujours par rapport au Mediator, je me demande aujourd’hui qu’elles ont été la part du hasard (ou de la chance) et la part due à mon obstination pour aller au bout de cette triste découverte. J’étais très sensibilisée au problème des coupe-faim, ayant été témoin alors que j’étais jeune médecin du scandale de l’Isoméride, des mêmes laboratoires Servier. Ainsi, tout au long de l’enquête que j’ai menée, mes avancées tenaient à chaque fois à peu de chose, mais que mon inquiétude me poussait à prendre en considération.
Ma naïveté. Je ne pensais pas que puissent s’exercer de telles pratiques délinquantes organisées en système au sein de notre société démocratique. Et surtout j’ai perdu l’illusion que notre société savait résister et protéger efficacement les concitoyens de ces menaces. Il faut rester combatif.
Je pense que l’on peut tout trouver. On ne doit pas craindre une découverte. En revanche, on doit renforcer sa vigilance éthique et morale face aux découvertes.
En tant que médecin, je pencherais plutôt pour une découverte qui change ou améliore la vie des gens, mais pas spécialement la mienne. Je ne cours pas derrière une utopie. Je n’aspire pas à changer de vie.
De voir la puissance des mécanismes de déni face à un drame comme celui du Mediator. Les réactions des malfaiteurs, mais aussi de certains experts, médecins, politiques sont tellement irrationnelles qu’elles me font parfois douter de ma propre rationalité.
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du magazine Sciences Ouest