Livre Ancien directeur d’un laboratoire rennais(1), Jean-Louis Coatrieux a entamé une carrière d’écrivain. Sorti en février, son dernier ouvrage parle de... recherche.
Sciences Ouest : Ce livre(2) est-il une façon pour vous de tourner la page de la recherche ?
Jean-Louis Coatrieux : Oui, mais pas complètement car je continue certains travaux de recherche. J’avais par contre envie de rendre compte des bonheurs, mais aussi des difficultés qu’un chercheur peut rencontrer. Et je pense que cela est partagé par certains de mes confrères. Mais personne ne l’a encore jamais écrit. En revanche, ce livre n’est ni une biographie, ni un compte-rendu scientifique. C’est de la littérature. Je veux montrer que nous, les scientifiques, on est capables d’écrire !
SO : En tout cas, vous aimez jouer avec les mots.
JLC : La langue, c’est pour moi quelque chose de beau. Un peu comme la musique. Quand j’écris une phrase, je cherche le rythme, l’image. Il faut qu’il y ait cette musique. C’est pour cela que je n’écrirai probablement jamais de roman : il est très difficile de mettre de la poésie dans les dialogues. Par contre, j’ai commencé à écrire des nouvelles.
SO : Cet ouvrage est aussi un message destiné aux jeunes et futurs chercheurs ?
JLC : Oui, car je m’inquiète vraiment pour les jeunes. Le monde change. Et cela devient de plus en plus difficile pour eux, ne serait-ce que pour entrer dans un institut de recherche. Quant à l’évaluation elle est basée non plus sur la qualité mais sur la quantité des publications. Je dénonce ces travers dans la troisième partie du livre, intitulée l’innocence impossible.
SO : Vous avez visiblement du mal à considérer la recherche comme un métier. Pourquoi ?
JLC : Parce que c’est une passion ! Et que, dans mon cas, la passion a dépassé les limites du simple métier. Il m’est arrivé plusieurs fois de me réveiller en pleine nuit ou bien de m’arrêter en voiture pour noter sur un bout de papier, ne serait-ce qu’un mot, qui permette juste de fixer une idée avant qu’elle ne file. Dans mon livre je parle aussi de moments où, assis à table avec ma famille, je suis présent mais absent. Totalement absorbé dans mes pensées. Certains chercheurs arrivent à poser leurs crayons à 17 h et à couper. Moi pas.
SO : Vous aviez un autre message à faire passer ?
JLC : Oui, je cherche des confrères ! J’aimerais rencontrer d’autres scientifiques, chercheurs, professeurs qui, comme moi, ont développé une activité artistique. Ou alors, l’inverse : des écrivains, des artistes qui seraient tombés dans la marmite des sciences...
Propos recueillis par Nathalie Blanc
(1)Le Laboratoire de traitement du signal et de l’image (LTSI).
(2)La vie à chercher, préface d’Yves Meyer, éditions La Part Commune.
Jean-Louis Coatrieux Tél. 02 23 23 56 74
jean-louis.coatrieux [at] univ-rennes1.fr (jean-louis[dot]coatrieux[at]univ-rennes1[dot]fr)
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