Un traitement plus léger

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N° 334 - Publié le 27 octobre 2015
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Une étude bretonne montre l'efficacité du traitement oral des poussées de sclérose en plaques.

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Des soignants bretons ont publié une étude au retentissement mondial sur la médication de la sclérose en plaques.

Avaler dix cachets chaque matin pendant trois jours pour soigner une crise, ça n’est pas une partie de plaisir. Mais aller à l’hôpital pour recevoir le même traitement par perfusion l’est encore moins. Or, jusqu’à aujourd’hui, les patients atteints de la sclérose en plaques ne pouvaient recevoir les corticoïdes qui traitent les poussées de la maladie que par voie intraveineuse. Une pratique qui devrait changer grâce aux travaux publiés, en juin dernier, dans la revue scientifique The Lancet(1), par une équipe de soignants bretons.

Tout est parti d’une « intuition », explique la neurologue Emmanuelle Le Page, première signataire de l’article. Une intuition partagée par les soignants regroupés depuis 2005 au sein du Réseau sclérose en plaques Bretagne (RSB). « Nous voulions savoir pourquoi la voie orale, que nous pensions être aussi efficace, n’était pas validée. » Aucune étude probante n’existait dans la littérature.200 patients impliquésPour réaliser leur étude, Emmanuelle Le Page, qui dirige la clinique de la sclérose en plaques au CHU Pontchaillou à Rennes, et ses collègues ont dû recruter deux cents patients - « le nombre minimal pour avoir des résultats significatifs », précise la neurologue - sur des critères très précis. « Les patients devaient être examinés pour une poussée ayant débuté il y a moins de quinze jours et suffisamment forte pour justifier le recours à la méthylprednisolone, le corticoïde utilisé dans ce cas. » La sclérose en plaques est une maladie du système immunitaire qui se développe par poussées inflammatoires. Certaines cellules du système immunitaire habituellement dans le sang pénètrent dans le cerveau et viennent perturber, voir abîmer les neurones. Ce sont ces inflammations du système nerveux central que les corticoïdes viennent soigner.La même efficacitéLe recrutement a débuté en janvier 2008 en Bretagne, avant de s’étendre aux CHU de Nantes, Nice et Paris Salpêtrière, ainsi qu’au centre hospitalier de La Roche-sur-Yon. « Nous avons terminé en décembre 2013. » Chaque patient recevait une perfusion et dix gélules, dès le début de l’hospitalisation et pendant trois jours. « Pour la moitié, les corticoïdes se trouvaient dans la perfusion, pour l’autre dans les gélules, et personne, ni le patient ni les soignants, ne le savait ! » Ils étaient suivis pendant six mois.« Les résultats obtenus sont les mêmes quelle que soit la voie d’administration, peut aujourd’hui affirmer Emmanuelle Le Page, après une année d’analyse des résultats. L’amélioration significative de la fonction neurologique la plus touchée lors de la poussée - ça peut être la marche, la gestuelle, la vue - est confirmée un mois après le traitement pour 80 % des patients, dans chacun des groupes. » Le constat est identique sur les autres critères d’efficacité testés.Faciliter la vie des patientsCes résultats ont déjà une portée internationale. Car ce qu’ils disent, c’est qu’il est possible de rendre la vie des malades plus simple. Dans le cas d’une administration en perfusion, il faut trouver une place en hôpital, ou bien organiser la présence de soignants à domicile. Cela demande au patient d’être immobilisé plusieurs heures pendant trois jours, et d’avoir un cathéter.« Pour une prise orale, il faudra toujours que le diagnostic soit établi par un neurologue. Mais le patient pourra ensuite simplement aller à la pharmacie. » Une prise de sang et un électrocardiogramme resteront toutefois nécessaires. Les conséquences seront aussi économiques. « Nous avons demandé aux patients d’évaluer les coûts liés à la maladie dans les trois mois qui suivent la poussée. » Le docteur David Veillard, épidémiologiste et coauteur de la publication, analyse ces données actuellement.Aujourd’hui, la sclérose en plaques n’apparaît pas dans les mentions légales d’utilisation du Medrol (les cachets de méthylprednisolone). « Il faudra voir avec la Haute autorité de santé, comment y remédier », poursuit la neurologue. Il y a aussi tout un travail de sensibilisation, des médecins généralistes, notamment, qui seront plus impliqués dans le suivi des patients. Le docteur Véronique Deburghgraeve, coordinatrice du RSB, travaille à l’élaboration de plaquettes d’informations. » Les résultats continuent d’être présentés dans des congrès à travers le monde.

Des entreprises financent la recherche sur le cerveau

Créé en 2014, le fonds de dotation Bretagne Atlantique Ambition rassemble des chefs d’entreprises qui s’engagent à financer la recherche et l’innovation dans l’Ouest. Pour sa première “campagne”, Bretagne Atlantique Ambition a souhaité soutenir l’Institut des neurosciences cliniques de Rennes. Les cinq projets sélectionnés, portés chaque fois par un tandem jeune chercheur-chercheur confirmé, ont été présentés le 30 juin dernier. Ils seront soutenus pendant cinq ans et concernent la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques (lire ci-contre), ou encore l’épilepsie. Bretagne Atlantique Ambition a été fondé par Roland Beaumanoir, P-dg du Groupe Beaumanoir, Christian Roulleau, P-dg du Groupe Samsic, Didier Ferré, gérant de Ferré Hotels et Thomas Savare, P-dg d’Oberthur Fiduciaire.

Société d’avocats Fidal
Tél. 02 99 33 32 24
Céline Duguey

(1) Oral versus intravenous high-dose methylprednisolone for treatment of relapses in patients with multiple sclerosis (Copousep): a randomised, controlled, double-blind, non-inferiority trial, www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(15)61137-0/abst….

Emmanuelle Le Page
Tél. 02 99 28 43 21
Emmanuelle.lepage [chez] chu-rennes.fr (Emmanuelle[dot]lepage[at]chu-rennes[dot]fr)

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