Vous ne pouvez pas empêcher les gens de chercher.

Portrait

N° 334 - Publié le 1 octobre 2015
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L'épreuve par 7
Jean-Yves Le Gall

Président de l’académie nationale de médecine(1)

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Paysan. Ce sont mes origines familiales. Mes grands-parents paternels étaient de petits paysans dans le Finistère, à Lopérec. Ils ne savaient pas un mot de français. Quand j’étais gosse, je faisais tous les travaux des champs. Aujourd’hui, mon grand loisir est mon jardin potager, qui nourrit ma famille toute l’année. J’aurais aimé être un gros agriculteur.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Rien de particulier ! J’ai contribué modestement à l’évolution de la science, dans le domaine des troubles du métabolisme du fer et de l’hémochromatose. C’est une maladie particulièrement fréquente en Irlande, en Écosse et en Bretagne. Mais je ne peux pas dire que j’ai fait de découverte majeure.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

J’essaie d’être un esprit logique et rationnel. Je ne me suis jamais fié au hasard. Est-ce qu’il m’a aidé ? Je n’en sais rien !

Qu’avez-vous perdu ?

Je n’ai rien perdu, mais je suis déçu d’une chose. Quand j’étais jeune, les profs nous disaient : travaillez pour acquérir des connaissances, pour devenir compétents. Et c’est vous qui déciderez. Dans la société d’aujourd’hui, la compétence scientifique est passée sous la coupe d’administratifs, de juristes ou de littéraires, incompétents en la matière.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Il est impossible de répondre à cette question. Vous ne pouvez pas empêcher les gens de chercher et de trouver. On ne peut pas donner de limite.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

À mon âge, aucune. Cela n’a pas de sens. En médecine, ce n’est pas une découverte particulière, mais il y a tout un ensemble de notions et de thérapies nouvelles qui se mettent en place. Aujourd’hui, les gens meurent de deux choses : les maladies cardio-vasculaires et les maladies cancéreuses. Et dans le domaine des cancers, on fait actuellement des progrès importants. Ces progrès vont continuer !

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Rien. Je crois fermement à la rationalité, à l’esprit logique et à la science. Je ne suis crédule en rien. Donc je suis très sceptique sur beaucoup de choses. Je ne crois pas aux discours politiques, ni à ce qui est écrit dans les médias !

L’ancien professeur au CHU de Rennes a été interviewé par téléphone, depuis chez lui au bord du golfe du Morbihan, par Nicolas Guillas.

1) L’Académie nationale de médecine a tenu sa séance du 2 juin à l’Université de Bretagne Occidentale, à Brest. Lire Sciences Ouest n° 333 sur www.sciences-ouest.org.

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