Au coeur de la vie cellulaire
Les recherches de Vincent Guen permettent de mieux comprendre une maladie orpheline et des cancers du sein.
« L’étude du vivant m’a toujours attiré : comprendre comment un organisme se développe, comment il fonctionne et se régénère. » Comprendre, voilà ce qui motive Vincent Guen, 31 ans, postdoctorant à l’Institut de génétique et développement de Rennes (IGDR), lauréat d’une mention spéciale du Prix Bretagne.
Enfant, le Finistérien d’origine capture des têtards pour observer leur métamorphose en grenouilles. Mais bientôt, ça ne lui suffit plus. Il lui faut aller plus loin, d’un point de vue scientifique. « J’ai toujours été curieux.
Je veux répondre à tout un tas d’énigmes ! Les résoudre par une démarche scientifique, je trouve ça très épanouissant. »
Un stage au Canada
Dans un premier temps, direction l’IUT de Génie biologique de Quimper. « Je n’avais pas forcément l’idée d’être chercheur. L’IUT me permettait plutôt d’obtenir un diplôme à court terme », avoue Vincent Guen avec le sourire. Durant sa deuxième année d’études, il découvre la recherche biomédicale, grâce à un stage dans un laboratoire de Trois-Rivières, au Canada.
Sitôt initié, sitôt conquis ! Le jeune homme se lance dans l’étude des mécanismes moléculaires de la division et de la différenciation cellulaire à Rennes, en licence, puis en master. Ces études le mènent en 2010 à la Station biologique de Roscoff, où il choisit de réaliser sa thèse en biologie. Au menu : l’étude d’une protéine qui, lorsqu’elle est mutée, cause des défauts de développement sévères chez l’enfant. Cette maladie génétique orpheline est connue sous le nom de syndrome Star. « Mon travail initial consistait uniquement à étudier des fonctions biologiques de la protéine, explique-t-il. Il s’est avéré que mes résultats étaient importants pour la compréhension du syndrome Star. Cela m’a orienté vers l’étude des mécanismes défaillants de cette protéine, qui conduisent à cette maladie. »
Ces résultats n’ouvrent pas sur des applications thérapeutiques, mais leur portée est remarquable. « Nous avons été contactés par une équipe de recherche israélienne. Ils ont découvert que l’une de leurs patientes présente une pathologie similaire. Nos recherches ont permis à ses parents de comprendre la cause de la maladie de leur fille. »
Le cancer du sein
Une fois sa thèse terminée, Vincent s’envole en 2013 vers le MIT(1) à Boston. Pendant trois ans et demi, il s’attaque au cancer du sein. « J’ai décidé de travailler sur le même type de mécanisme, mais cette fois-ci impliqué dans la régénération d’un tissu adulte. » Avec à la clé, la découverte et la compréhension de nouveaux mécanismes à l’origine de certains cancers de la glande mammaire.
Depuis son retour en France en octobre 2017, Vincent Guen poursuit ses recherches à l’IGDR à Rennes. Avec l’idée de créer sa propre équipe de recherche.
(1) Massachusetts institute of technology.
Vincent Guen
vincent.guen@univ-rennes1.fr
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