20 000 câbles sous les mers

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N° 383 - Publié le 12 octobre 2020
ALEXIS CHÉZIÈRE
Le capitaine Ariane Pinauldt, conservatrice du musée des Transmissions, présente un câble sous-marin.

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L’histoire des télécommunications s’est jouée dans les profondeurs marines. Près de Rennes, le musée des Transmissions - Espace Ferrié revient sur cette conquête.

Mis bout à bout, ils entoureraient trente fois la Terre ! Les câbles qui tapissent les fonds marins composent un réseau de 1,2 million de kilomètres et assurent 99 % des communications intercontinentales1. Leur histoire méconnue est celle d’une épopée technique et humaine. Au musée des Transmissions2 à Cesson-Sévigné, près de Rennes, elle se dévoile dans les vitrines d’une exposition temporaire, consacrée aux télécommunications en mer. Cette histoire se devine même sur le littoral breton !

« Des vestiges de câbles transatlantiques sont encore visibles dans la crique de Déolen, à Locmaria-Plouzané », signale Pierre Arcangeli, membre d’Armorhistel3, l’association partenaire de l’exposition.

Du Finistère au Massachusetts

Devant une carte des atterrissements de câbles sur les côtes bretonnes, ce passionné remonte le fil des premières liaisons télégraphiques4. En 1869, la France est reliée aux États-Unis via Saint-Pierre-et-Miquelon, grâce à un câble qui part de la plage du Petit Minou5, à l’entrée de la rade de Brest. Un an plus tard, c’est de Brignogan que s’enfonce sous la Manche un nouveau câble reliant la France à l’Angleterre. Mais le véritable exploit a lieu en 1898, quand le « Direct », d’une longueur record de 6 000 km, est posé entre Déolen (Finistère) et Cap Cod (Massachusetts). « La Bretagne est la porte d’entrée, pas le bout du monde ! », commente le capitaine Ariane Pinauldt, conservatrice du musée. 

Présenté en vitrine, un câble rappelle que l’innovation à l’origine de ce réseau provient… de lointaines contrées. « Ce que l’on voit autour des fils de cuivre s’appelle de la gutta-percha, explique Pierre Arcangeli. Il s’agit d’une gomme végétale, assez proche du caoutchouc, provenant d’arbres du Pacifique6. C’est en quelque sorte la haute technologie des années 1860 ! »

Inaltérable dans l’eau, la gutta-percha se révèle un isolant de choix pour les câbles télégraphiques, jusqu’à la découverte du polyéthylène dans les années 1930. « Sans cette gomme, l’idée de câbles sous-marins n’aurait pas été concrétisée. »

Des câbles sectionnés

À la révolution téléphonique a succédé celle de la fibre optique. Aujourd’hui, les câbles sous-marins sont des autoroutes pour l’information. Des routes invisibles, mais bien concrètes. « Dans l'exposition, nous avons présenté des câbles sectionnés par le chalutage, pour montrer qu’il y a un support physique fragile, derrière des communications en apparence immatérielles », souligne Ariane Pinauldt. Les visiteurs du musée peuvent d’ailleurs chercher un curieux exemplaire de câble… renforcé pour résister aux morsures de requins !

 

Notes

1. Internet, téléphonie et données numériques.

2. Ouvert en 2005, l’Espace Ferrié est un musée de l’Armée de terre. Il présente l’histoire des transmissions militaires et leurs liens avec les télécommunications civiles.

3. Association armoricaine de recherches historiques sur les télécommunications.

4. La première liaison transmanche a eu lieu en 1851, entre Douvres et Calais. Les premiers câbles transatlantiques opérationnels ont été posés en 1865 entre l’Irlande et Terre-Neuve.

5. Commune de Plouzané (Finistère).

6. Pacifique Sud et Malaisie.

Exposition
Allô au large - Mer et télécommunications
Musée des Transmissions

Entrée gratuite
Tél. 02 99 84 32 87
www.espaceferrie.fr

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