À la découverte des animaux bretons oubliés

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N° 408 - Publié le 4 avril 2023
© FONDS DOCUMENTAIRE DE L’ACADÉMIE D’AGRICULTURE DE FRANCE
Taureau Durham de l’étable de Lord Ducie et vache bretonne du Finistère. Journal de l’agriculture (tome 4, 1867).

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L’écomusée de la Bintinais, au sud de Rennes, héberge une exposition hors du commun qui raconte l’histoire des races animales bretonnes, du 18e siècle à aujourd’hui.

Deux portes battantes s’ouvrent sur une salle sombre où résonnent bêlements et pépiements enregistrés. Derrière une brume matinale en trompe-l’oeil, des moutons peints à l’huile paissent dans d’anciens cadres dorés. Plus loin, Napoléon, un bouc naturalisé, digne représentant de la race des chèvres des fossés, toise les visiteurs de ses cornes imposantes.

Toute cette faune fait partie de l’exposition temporaire “Races bretonnes”, qui occupe actuellement les locaux de l’écomusée de la Bintinais, à Rennes. Riche de plus de 400 pièces de collection, elle retrace la formidable épopée des races d’animaux d’élevage en Bretagne. « Avant que le concept même de race n’émerge au 19e siècle, les populations animales étaient très diverses, adaptées à leur milieu de vie et aux besoins locaux, explique François de Beaulieu, commissaire scientifique de l’exposition. Ensuite, la zootechnie1 a permis aux éleveurs et aux agronomes de spécialiser les bêtes. » Des cheptels bien distincts se forment ainsi, avec des caractéristiques qui leur sont propres : la vache bretonne Pie-Noir est très bonne beurrière, alors que la poule courtes-pattes est une bonne pondeuse.

Mais la loi du plus fort est parfois la meilleure : ces races rustiques sont délaissées par le modèle productiviste qui s’installe définitivement au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Inadaptées à l’élevage industriel, elles ne font pas le poids face à la Prim’Holstein2 ou aux poules rousses de batterie, et tombent dans l’oubli toute une partie du 20e siècle.

Un patrimoine essentiel

« Nous avons perdu beaucoup de variétés locales, comme la poule de Janzé ou le poney d’Ouessant », déplore François de Beaulieu. D’autres ont survécu de justesse, comme la vache nantaise : au début des années 1980, un maigre cheptel de douze vaches et un taureau, racheté à de vieux agriculteurs, constitue alors le plus gros troupeau de cette race. Heureusement, « l’important travail de préservation des races bretonnes a porté ses fruits, grâce aux plans de sauvegarde, se félicite le commissaire d'exposition. Elles font aujourd’hui partie du patrimoine local, au même titre que les chapelles ! »

Une expérience sensible du vivant

Au bout du dédale de salles, une autre paire de portes débouche sur l’extérieur. Là, de petits moutons des landes de Bretagne slaloment à toute vitesse entre les pies, sous le regard placide du reste du troupeau. Des animaux un temps oubliés, que l’écomusée a contribué à préserver : dix-neuf cheptels de races anciennes occupent la ferme attenante au bâtiment. « C’est un musée de société, un musée vivant, tient à souligner Philipe Bardel, responsable du pôle scientifique et des expositions. Montrer les animaux offre une expérience très concrète, qui fait appel aux émotions. En racontant leur histoire, nous espérons sensibiliser les nouvelles générations à la richesse de notre patrimoine. »

 

ANNA SARDIN

Philipe Bardel,
p.bardel@rennesmetropole.f

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