Le futur de l’intelligence artificielle
La révolution IA

Alors que la recherche semble avancer à un rythme effréné, scientifiques et industriels travaillent déjà sur les prochaines avancées qui pourraient révolutionner le secteur. Alors, à quoi ressemblera l’IA demain ?
« Aujourd’hui, chaque modèle d’intelligence artificielle est créé pour répondre à une tâche spécifique, détecter un objet précis dans une image ou générer des illustrations à partir de descriptions textuelles, par exemple », explique Vincent Barreaud, enseignant-chercheur en informatique à l’Enssat1, à Lannion.
Superintelligences artificielles
Ces systèmes, on les regroupe parfois derrière le sigle ANI, pour artificial narrow intelligence ou intelligence artificielle faible, en opposition aux intelligences artificielles générales (AGI). Une forme d’IA qui n’existe pas encore mais « qui constitue le Graal de celles et ceux travaillant dans le secteur », assure Nicolas Courty, professeur d’informatique à l’UBS2, à Vannes. « La question n’est pas de savoir si c’est réalisable mais plutôt quand cela arrivera, le consensus table entre cinq à dix ans. »
Contrairement aux modèles actuels, spécialisés sur des situations précises, une AGI « serait un système suffisamment générique pour systématiquement obtenir de meilleurs résultats qu’un humain sur une grande diversité de tâches », ajoute Élisa Fromont, chercheuse en informatique à l’Irisa3, à Rennes.
Mais un autre « idéal » surpasse ces AGI : les superintelligences artificielles (ou ASI). Des logiciels hypothétiques d’IA qui dépasseraient cette fois nos capacités cognitives. « Il ne s’agirait plus de faire mieux que l’humain sur de multiples missions, mais de réaliser des choses que nous ne sommes tout simplement pas capables de faire, dont la portée intellectuelle surmonte l’intelligence humaine, explique Élisa Fromont. Dans l’idée, ça ressemble à ce qui est représenté dans de nombreux films de science-fiction. »
La prochaine révolution
L’écosystème de la recherche en IA est dynamique. Les investissements massifs et les progrès rapides favorisent le développement de nouveaux modèles, toujours plus puissants. Mais certains observent toutefois un ralentissement. « On remarque un plateau dans l’évolution des performances, notamment celles des modèles de langage comme ChatGPT, note Olivier Zhang, chercheur en informatique chez Orange Innovation, à Rennes, selon qui ils atteignent aujourd’hui leurs limites. S’il doit y avoir des avancées significatives ces prochaines années, ce sera par le biais d’approches différentes », poursuit le scientifique.
Se pourrait-il que le développement d’AGI constitue la prochaine révolution de l’IA ? Même s'ils n’existent pas encore, ces systèmes dont le niveau d’intelligence surpasserait celui de l’être humain posent de nombreuses questions. « Comment manipuler ces objets ? Quels objectifs leur donner ? Et surtout, comment les forcer à s’aligner sur des valeurs particulières, des valeurs humaines ? », s’interroge Nicolas Courty, pour qui « réfléchir sur l’intelligence artificielle, c’est avant tout réfléchir à ce qui fait de nous des humains ».
1. École nationale supérieure des sciences appliquées et de technologie.
2. Université Bretagne Sud.
3. Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires.
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du magazine Sciences Ouest