L’extraterrestre en fiction

Quand on évoque les extraterrestres, ce sont souvent les figures emblématiques d’E.T. ou des Martiens de Mars Attacks! qui nous viennent en tête car elles sont ancrées dans l’imaginaire collectif. Pourtant, les représentations des aliens dans la fiction sont multiples et variées, et ont évolué au fil des décennies. La première évocation littéraire marquante de la vie extraterrestre est communément attribuée au roman La Guerre des mondes de H. G. Wells, publié en 1898. « Cette œuvre constitue le point de départ d’un imaginaire centré sur la confrontation avec des formes de vie venues d’ailleurs », indique Gwenthalyn Engélibert, maître de conférences et membre du laboratoire HCTI¹, à Brest. Dans cette perspective, les aliens sont systématiquement représentés comme des ennemis déclarés de l’humanité. Le schéma évolue après la Seconde Guerre mondiale, avec l’émergence d’un nouveau courant de représentations fondé sur l’idée d’assimilation. Les extraterrestres ne viennent plus nécessairement nous attaquer : ils sont déjà parmi nous, cherchant à se substituer à l’espèce humaine. Cette vision fait écho à la guerre froide et à la peur d’une infiltration insidieuse du communisme – symbolisé par les aliens ou la planète Mars, en raison de sa couleur rouge – au sein des sociétés occidentales.

Un danger ou une chance ?

Ce n’est qu’à partir de la fin des années 1980 que la figure de l’extraterrestre cesse d’être systématiquement associée au danger dans la fiction. « Dans un contexte marqué par la mondialisation et l’intensification des échanges entre les régions du monde, les aliens commencent à être représentés, au cinéma comme en littérature, sous les traits de réfugiés à accueillir, face auxquels l’humanité est amenée à évoluer », observe Gwenthalyn Engélibert. Depuis les années 2000, cette figure a également acquis une dimension politique, servant à interroger les récits dominants. L’extraterrestre devient alors le miroir des dérives humaines, révélant des injustices bien réelles, comme l’apartheid dans District 9, ou encore les violences coloniales dans Avatar.